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"Un problème de sécurité et de santé publique": les avocats dénoncent la surpopulation carcérale belge

Les avocats belges tirent la sonnette d’alarme. Selon eux, il n’y a jamais eu autant de détenus dans les prisons belges alors que la délinquance décroît. 

Denis Bosquet, avocat pénaliste, l’affirme : la surpopulation carcérale résulte de la législation qui a récemment changé. "Le SPF justice a décidé il y a quelques années de faire exécuter les petites peines, c’est-à-dire les peines de moins de 2 ou 3 ans. Ces nouvelles dispositions sont en application depuis le mois de septembre 2022", explique-t-il. "Les directeurs de prisons, les agents pénitenciers s’inquiétaient évidemment du tsunami de détenus que ça allait apporter en prison, et ce tsunami se vérifie aujourd’hui. En un an, nous sommes passés de 10.000 à 12.300 détenus et ce chiffre ne fait qu’augmenter".

"Nous ne sommes pas contre les exécutions des petites peines", continue-t-il, "mais le projet qui était en cours était un projet de maisons de transition qui accompagnent les détenus vers la sortie et vers une resocialisation, ce qui empêche les risques de récidives. Le problème est que ces maisons de transitions n’existent pas ou sont en nombre largement insuffisant. À l’heure où je vous parle, il n’y a qu’une cinquantaine de détenus qui s’y trouvent, le reste est incarcéré, c’est-à-dire environ 2.000 détenus de plus en un an et demi".

La situation est si délétère que les avocats implorent pour "plus d’humanité". "La surpopulation entraîne nécessairement de la promiscuité, c’est-à-dire devoir faire, par exemple, ses besoins dans une cellule de 9m² devant deux autres personnes, sur une toilette qui n’est pas isolée du restant de la cellule", dénonce l’avocat.

"C’est une promiscuité qui entraîne des maladies qui ont disparu : la tuberculose, la coqueluche, les punaises de lit… C’est un problème de sécurité et de santé publique parce que ces gens sont en contact avec des agents pénitenciers, avec leurs familles, avec des visites et du personnel administratif. Ce sont des choses qui ne sont plus admissibles".

Les avocats plaident pour que ces "prions-mouroirs" se transforment en prisons de réinsertion. "Il faut savoir qu’on nous avait promis la résolution de tous ces problèmes de la prison de Saint-Gilles et de Forrest avec la construction de la méga-prison de Haren. Aujourd’hui, Haren est déjà pleine et on retransfert des détenus vers la prison de Saint-Gilles qui est insalubre...", a ainsi conclu Denis Bosquet.

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