Accueil Actu Magazine Hi-Tech

Les tests de Mathieu: Google a également lancé sa première montre intelligente en Belgique, que vaut-elle ?

La Pixel Watch 2, à 399€, débarque quelques années après la concurrence, qui a eu le temps de peaufiner plusieurs générations de modèles (Huawei, Samsung, Garmin, Withings, etc). Son but premier: enrichir l'écosystème matériel de Google afin de lui permettre de rivaliser davantage avec Apple, maître en la matière. Un sacré pari... 

Au début du mois d’octobre, Google conviait les médias belges dans ses bureaux bruxellois pour une grande annonce: les fers de lance de sa gamme grandissante d’appareils électroniques grand public allaient finalement être commercialisés dans notre pays. Je vous ai longuement parlé des Pixel (des smartphones très performants, voir mon analyse), place à la Pixel Watch 2, une montre intelligente (smartwatch) vendue 399€. Je l'ai essayée durant 1 mois et voici mon verdict. 

Un design inédit

J'ai déjà essayé beaucoup de smartwatches, et il y a quelques catégories de design. Les Watch d'Apple rectangulaires avec molette décentrée, les Garmin qui se concentrent sur le sport et le plastique avec 4 boutons, les ScanWatch de Withings qui font tout pour ressembler à des montres traditionnelles, les Fitbit et leur écran carré. Et puis, il y a Google et son galet arrondi de partout, avec une molette de défilement que vous pourrez d'ailleurs placer à l'intérieur ou l'extérieur du poignet (car la montre est symétrique, vous pouvez inverser l'écran). Il y a un deuxième bouton, très discret, qui propose les dernières applications ouvertes :

Edition numérique des abonnés

La moitié supérieure est noire et l'inférieure est chromée. Après 1 mois, je n'arrive pas à me prononcer. Je ne dis pas 'waouw' comme avec les téléphones Pixel, mais je ne peux pas dire que ça me déplaît. Une chose est sûre: c'est relativement discret et on a l'impression d'avoir un écran recouvrant – ce qui n'est pas le cas, l'écran a bien une bordure de quelques millimètres.

Livrée avec un bracelet en silicone facile à attacher, la Pixel Watch 2 est confortable et de tailler raisonnable, convenant bien aux petits et moyens poignets. Avec ses 32 grammes (sans bracelet), elle se fait oublier très rapidement, ce qui est un très bon point. 

Autonomie et charge: pas terrible

Passons directement au point qui fâche: les (grand maximum) deux jours d'autonomie de la Pixel Watch 2. En réalité, lors d'une journée active avec suivi de l'activité, écoute de musique et quelques connexions Wi-Fi pour lire des emails ou des messages, il m'est arrivé de ne pas tenir une journée. Les utilisateurs d'Apple Watch ne seront pas choqués, mais ceux qui utilisent des modèles de Garmin ou Huawei crieront au scandale. La charge, via un socle filaire propriétaire et aimanté (dans un sens uniquement, ça peut être irritant) est relativement rapide: une grosse demi-heure sur un chargeur de téléphone, et vous passerez de 20 à 90% d'autonomie.

Edition numérique des abonnés

A bien y réfléchir, c'est donc comme une voiture électrique, il faut la charger dès que vous pouvez et ne pas attendre d'être à 5%. Mais je dois avouer, même après 1 mois, c'est très contraignant de devoir penser à charger sa montre tous les jours, en plus de son smartphone (d'autant plus qu'elle n'est pas compatible avec la charge sans fil). 

Un logiciel complet et abouti

Pourquoi une telle différence avec Garmin et Huawei ? Car la Pixel Watch 2 tourne sous Android Wear (4.0), le système d'exploitation de Google qu'on retrouve d'ailleurs chez d'autres constructeurs (comme Samsung ou Xiaomi). C'est un logiciel très abouti par rapport à la simplicité d'autres marques, car il y a un vrai magasin d'applications, et les développeurs peuvent "facilement" décliner leur app pour smartphone en version très simplifiée pour les petits écrans des montres. Spotify, WhatsApp ou Outlook sont trois applications que j'utilise quotidiennement, elles sont assez efficaces pour lire du texte ou de la musique.

Dans le top 10 des applis pour Wear OS les plus populaires, on retrouve Google Wallet (si vous y avez lié une carte de banque, vous pourrez payer sur tous les terminaux équipés du paiement sans contact), Google Home pour contrôler votre maison connectée, Shazam, la météo et des applications de suivi d'activité physique (Fitbit, Strava, Komoot, etc). Ces applications sont la principale raison de l'autonomie limitée, semblable à celle des Watch d'Apple depuis leurs débuts. Le tout est de savoir si elles en valent la peine. Et après 1 mois, même si je les utilise de plus en plus naturellement, je n'arrive pas à me prononcer, mais je reste sur cette frustration importante de la recharge quotidienne. Pour moi, une montre n'est pas faite pour être retirée tous les jours, nécessitant de chercher le socle de recharge, etc. J'en ai acheté 2 autres pour en laisser un branché au bureau, afin de charger la montre une demi-heure par jour quand je travaille sur mon ordinateur, et depuis lors ça me frustre moins…

Edition numérique des abonnés

Gardons bien en tête, cependant - et c'est valable pour toutes les smartwatches - que l'utilisation de ces applications est plus complexe et limitée que leur version smartphone ; ce n'est donc que si vous laissez souvent ce dernier traîner dans un coin que le recours à la version "portable" a du sens. Si votre smartphone est dans votre ou à proximité immédiate, il sera toujours plus rapide et efficace de l'utiliser...

Et Fitbit ? 

Google est confronté aux difficultés de nombreuses entreprises qui en rachètent d'autres: l'intégration du logiciel et du matériel dans un écosystème existant. Et celui de Google, vous l'imaginez, est conséquent. Google a décidé de préinstaller Fitbit dans sa Pixel Watch, et d'en encourager l'usage ; mais il n'en fait pas une exclusivité. C'est donc une application parmi d'autres dans Wear OS, et elle n'est pas obligatoire (seule l'application Pixel Watch l'est, pour l'installation et les paramètres de base). L'appli Fitbit sur la montre (et via l'appli smartphone) permet de suivre précisément votre activité physique et vos données de santé, et vous proposera des analyses approfondies et du coaching si vous optez pour la version Premium à 8,99 euros par mois (voir les différences en détail sur cette page).

Edition numérique des abonnés

Et elle est forcément très bien intégrée dans la Pixel Watch 2. Mais vous pouvez, par exemple, utiliser Strava, l'application sportive très populaire, et vous contentez des fonctions de base de Fitbit 'gratuit'. Ou opter pour Google Fit, une version plus basique du suivi de l'activité et de la santé (pas de suivi cardiaque en continu, par exemple) ; mais on ignore si elle va continuer longtemps à coexister avec Fitbit (une fusion serait logique, mais elle n'est pas à l'ordre du jour en 2023). Quoi qu'il en soit, c'est un peu trop brouillon à mon goût pour un géant du logiciel comme Google. 

Quelques petits plus qui comptent

Equipée du Bluetooth, la Pixel Watch 2 peut se connecter directement à des écouteurs sans fil. Et vu qu'il y a une mémoire intégrée de 32 GB, vous pouvez télécharger des playlists Spotify par exemple. Attention, l'impact sur la batterie peut s'avérer important. 

La puce, une Qualcomm 5100, rend la montre particulièrement fluide sous Wear OS 4.0. Couplée à 2 GB de RAM, elle permet de lancer plusieurs applications sans observer de ralentissement (ce qui n'était pas du tout le cas de la Fitbit Sense 2, par exemple). 

Il y a un micro et un haut-parleur pour répondre à des appels sans devoir aller chercher le smartphone

Le bouton du haut, pressé longtemps, permet de lancer Google Assistant et donc, par exemple, de contrôler votre maison connectée via le poignet. Si vous êtes un habitué, c'est une option qui deviendra vite indispensable. 

L'interface de base permet de configurer des cartes, en plus des applications. Ces cartes défilent de droite à gauche à partir de l'écran d'accueil, et vous permettent de lancer rapidement une activité récente, de visualiser rapidement quelques données de suivi ou de santé, de voir les prévisions météo, etc. 

Edition numérique des abonnés

Conclusions

La Pixel Watch 2 de Google, selon tous ceux qui ont essayé le première modèle sorti l'an dernier, a fait de solides progrès en 12 mois, sur un terrain compliqué pour le géant américain. Compliqué car Google veut et doit intégrer l'expertise matérielle et logicielle de Fitbit, qu'il a racheté il y a quelques années ; et car Google doit utiliser Wear OS, son système d'exploitation mobile qui en est à la version 4.0, mais qui n'a pas toujours été très convaincant ni largement adopté par les fabricants (ceux-ci préférant des interfaces maisons plus basiques). 

En résulte une Watch 2 qui a de belles qualités (design original, confort, fluidité, interface complète avec nombreuses applications) mais aussi quelques défauts (une autonomie légère, un affichage réduit, un manque de clarté logicielle). Elle vise principalement la Watch (et le riche écosystème) d'Apple, qui jouit d'une histoire plus longue ayant gommé de nombreux défauts de jeunesse. 

A 399€, la Pixel Watch 2 est assez chère, surtout par rapport à une concurrence plus raisonnable au niveau logiciel (sans magasin d'applications tierces), mais tout aussi performante au niveau matériel: Huawei, Withings, Xiaomi, etc. De plus, à 399€, on trouve des modèles aboutis du côté du très expérimenté Samsung et du très sportif Garmin, deux solutions aussi riches logiciellement parlant, ou presque, que la Pixel Watch 2. Donc à ce stade, à moins d'avoir l'envie précise d'embarquer à son poignet des applications tierces (telles Spotify, WhatsApp, Outlook) et Google Assistant, il est difficile de recommander les yeux fermés cette 2e tentative de Google. Sans doute faut-il attendre quelques évolutions...

À lire aussi

Sélectionné pour vous