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Analyse: la revendication de l'Etat islamique sur l'attaque de Moscou est-elle crédible?

L'attaque au Crocus City Hall de Moscou a été revendiquée par le groupe terroriste État islamique, par voie de communiqué. Pour analyser cette revendication, le criminologue à l'Université de Liège Michael Dantine était invité dans le RTL info 13H. Est-elle crédible? Oui, pour ce spécialiste.

"Ce n'est que la réappropriation, par un mouvement terroriste, d'un attentat", dit-il. "Oui, elle est crédible. D'autant plus qu'elle a été formulée sur un canal Telegram, clairement identifié comme appartenant à l'État islamique. Mais c'est globalement le tableau qui est plausible. On sait l'opposition très forte entre l'État islamique et la Russie, et Poutine en particulier. Notamment, parce que la Russie a été l'allié de Bachar al-Assad, là où l'État islamique a voulu installer son califat", explique Michael Dantine.

Ce criminologue rappelle qu'il y a aussi eu un avertissement des autorités américaines quant à l'éminence possible d'un attentat lié à des grands rassemblements. Et puis, Michael Dantine pointe le choix de la cible de l'attaque : "C'est un concert, ça nous rappelle le Bataclan. Ça nous rappelle aussi, plus proche de chez nous, cet attentat déjoué au Botanique. Et donc on sait que c'est ce qu'exècrent les islamistes. Donc tout cela forme évidemment quelque chose de parfaitement plausible", développe-t-il. 

L'EI, un groupe mort?

Alors qu'on pensait le groupe terroriste Etat islamique mort, et qu'il ne pouvait plus commettre d'attaques de grande ampleur... Le massacre d'hier sembler prouver le contraire. Mais "il ne faut pas se tromper", souligne Michael Dantine. "Dans un pays comme le nôtre par exemple, c'est beaucoup plus les idées de l'État islamique qui sont dangereuses : des individus qui s'en saisiraient, voire quitte à se regrouper à l'échelon local, mais sans être commandés. En revanche, la branche afghane, l'État islamique au Khorasan, elle est pointée dans des rapports récents comme étant peut-être le dernier bastion de la capacité de l'État islamique de téléguider des attaques et de les organiser."

"On s'encre là en plus dans deux autres phénomènes: l'antagonisme lié à l'Afghanistan avec l'invasion de l'ex-Union soviétique et aussi le fait que la Russie, et toute une série de républiques qui jouxtent la Russie, étaient les grands pourvoyeurs de combattants étrangers en Syrie pour l'État islamique. Ces gens sont rentrés et ils sont particulièrement dangereux", poursuit-il.

Doit-on s'inquiéter pour les JO et l'Euro de Foot?

Face à de tels événements, doit-on s'inquiéter chez nous pour l'organisation des Jeux olympiques à Paris et de l'Euro de football en Allemagne? Pour Michael Dantine, on s'en inquiète déjà : "Les services de sécurité travaillent d'arrache-pied pour les deux événements, les Allemands et les Français. Il est évident qu'il y a des risques, qu'il y a des menaces, mais qu'on essaie de les limiter. Tout ça est très compliqué parce qu'on vient de le voir avec ce qui vient de se passer en Russie ou auparavant, le terrorisme frappe parfois là et quand on ne l'attend pas. Ici, évidemment, il y a des risques, on va tout faire pour le limiter, mais comme vous le savez le risque zéro n'existe pas", conclut le criminologue l'ULiège.

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