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La Russie annonce officiellement être en état de guerre: "On parviendra à avoir un impact sur l'économie russe"

Alain De Neve, chercheur au Centre d'Études de Sécurité et de Défense, offre un éclairage sur le conflit russo-ukrainien alors que la Russie vient d'annoncer ce matin qu'elle se trouve désormais en état de guerre.

La Russie a annoncé ce matin être en état de guerre. C'est le porte-parole du Kremlin qui l'a reconnu dans une interview. Cette reconnaissance formelle de l'état de guerre, après avoir précédemment qualifié l'opération en Ukraine de "spéciale", va-t-elle modifier le cours du conflit ?

Selon Alain De Neve, cette déclaration n'apporte pas de changement significatif au conflit pour le moment : "C'est tout d'abord un aspect cosmétique". Elle confirme essentiellement "ce qui est déjà le cas sur le terrain".

De Neve explique que cette reconnaissance de l'état de guerre "est la conséquence logique à la fois de l'élection" de Vladimir Poutine pour un nouveau mandat de six ans, visant à ancrer dans l'esprit des citoyens russes la nature réelle de la situation, désormais caractérisée par un état de guerre plutôt qu'une simple opération spéciale.

Il souligne également que cette démarche s'inscrit dans le cadre d'une stratégie plus large de consolidation du pouvoir de Poutine, illustrée par l'absence de manifestations d'envergure, témoignant d'un contrôle total sur la population.

Pour De Neve, elle officialise la mobilisation tant humaine que matérielle de la Russie dans un contexte de guerre : "Par rapport aux Européens, effectivement, ça traduit aussi tous les changements qui sont intervenus dans l'économie de guerre russe depuis la mi-2023".

Il mentionne qu'environ "un demi-million de personnes ont été mobilisées par l'industrie de défense russe" depuis 2023, en plus du développement de nouvelles chaînes de production pour la fabrication et la maintenance du matériel militaire.

Cela représente un changement notable dans les capacités de défense russes. Interrogé sur les déclarations du porte-parole du Kremlin accusant l'Occident de participer au conflit, De Neve estime que "l'idée c'était de maintenir le conflit avec l'Ukraine à une simple relation bilatérale conflictuelle". Il souligne que le terme "Occident collectif" est délibérément vague, évitant de cibler explicitement l'OTAN ou l'Union européenne.

En ce qui concerne les propositions du sommet européen visant à imposer des droits de douane sur les produits agricoles russes, De Neve souligne que ces mesures constituent une nouvelle étape dans les sanctions visant à affaiblir l'économie russe.

Il présente deux analyses possibles : l'une optimiste, "vient à dire que petit à petit on parviendra à avoir un impact sur l'économie russe", et l'autre plus pessimiste, soulignant la capacité de la Russie à supporter les sacrifices économiques induits par l'état de guerre.

En résumé, la déclaration de l'état de guerre par la Russie marque une étape importante dans l'évolution du conflit russo-ukrainien, mais ses implications concrètes restent à voir dans les mois à venir.

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