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Keyla, 19 ans, voulait s'offrir un outil bien pratique dans la réussite de ses études. Dyslexique, elle souhaitait faire l'acquisition d'une tablette pour organiser ses cours et prendre des notes.
En ce sens, elle se rend dans un magasin d'électroménager. Étudiante, Keyla ne peut se permettre de régler l'entièreté du prix en une fois, elle demande alors à échelonner les paiements à hauteur de 45 euros pendant 18 mois. "Ils m'ont dit non, car j'étais étudiante", s'offusque Keyla.
"Peu importe si j'apportais une preuve de job étudiant pour montrer que je travaille, ce n'était pas possible. Quelqu'un qui est au chômage a le droit de payer en plusieurs fois, mais pas les étudiants". Une situation que la jeune fille trouve "aberrante".
"Verdict : je n'ai pas la tablette et personne pour m'aider", fulmine-t-elle.
Que dit la loi ?
Malheureusement pour elle, le magasin est dans ses droits. "De manière générale, ce n'est pas l'enseigne qui refuse le crédit. Elle travaille avec un prêteur agréé qui a ses propres conditions. C'est ce prêteur qui est libre de déterminer les conditions d'octroi de crédit", explique Etienne Mignolet, le porte-parole du SPF Économie.
Certes, le prêteur est libre de déterminer les conditions, mais "on ne peut pas entrer dans des discriminations, par exemple raciales, mais le prêteur peut considérer que certaines catégories de population sont plus à risque ou ne sont pas solvables et donc ne pas leur proposer de crédit."
"Le but est double", poursuit Etienne Mignolet. "Le prêteur veut récupérer son argent et d'un autre côté, il y a une volonté d'éviter le surendettement et donc de ne pas octroyer de crédit à des personnes qui ne sauront pas les rembourser."
Étudiant, une discrimination ?
Pour l'Unia, qui lutte contre la discrimination et défend l’égalité des chances en Belgique, le cas soulevé par Keyla ne semble pas être de la discrimination. "Si la différence de traitement est basée sur le fait qu'une personne a le statut d'étudiant, il s'agirait d'une mesure neutre qui n'a pas de lien avec un critère protégé (la mesure s'applique à tous les étudiants et le fait d'être étudiant n'est pas un critère protégé)."
S'il y avait une distinction entre les étudiants, par exemple basée sur leurs revenus, "cela pourrait entraîner une discrimination indirecte", ajoute l'Unia, mais ça dépendrait de la justification apportée.
Un des critères protégés est pourtant la fortune. Et, dans le fond, la compagnie d'assurance semble juger l'étudiante sur ce critère.
Eric Chasseur