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17.000 emplois perdus dans la construction à cause du dumping social: "Un étranger qui travaille chez nous doit être traité de la même façon"

Marianne Thyssen, la commissaire européenne à l’Emploi et à la Mobilité des travailleurs, était l’invitée de la rédaction sur Bel RTL à 7H50.

Au micro d’Antonio Solimando, Marianne Thyssen s’est notamment exprimée sur le dumping social.


Antonio Solimando: Vous travaillez sur un gros dossier concernant des ouvriers, polonais ou roumains, engagés par des sociétés belges, mais payés dans leur pays d’origine pour travailler ici. Où en est-on pour lutter contre ce dumping social?

Marianne Thyssen: Si je vous entends bien, l’image que vous faites, c’est déjà un abus de la législation.


Antonio Solimando: Ce n’est pas une exception, ce sont des dizaines d’entreprises qui fonctionnent comme ça.

Marianne Thyssen: Oui, mais ce qu’il faut faire, c’est regarder ce qu’il se passe vraiment. Deuxièmement, on doit s’assurer que la possibilité d’abus soit limitée et que la fraude soit combattue. On doit faciliter la libre circulation de personnes, parce que si on regarde les vingt dernières années, ça nous a apporté beaucoup de bénéfices. Et ça va de l’Ouest à l’Est et au Nord comme au Sud.


Antonio Solimando: Il y a des bénéfices liés à la libre circulation des travailleurs, mais il y a dans ce système-ci 17.000 emplois perdus, ne serait-ce que dans la construction, en Belgique, en 3 ans. Qu’est-ce qu’on fait pour lutter contre ça?

Marianne Thyssen: Je le prends très au sérieux, j’ai déjà parlé aussi aux gens de la construction, aux gens des transports, aux ministres responsables dans beaucoup de pays membres. Ce qu’il faut faire, c’est s’organiser de façon à ce qu’on applique la législation. Et c’est là qu’il y a un grand manquement.

Ce qu’on fait, c’est qu’on est en train de créer une plateforme contre le travail non déclaré. On a une directive qu’on a votée l’année dernière pour mieux faire appliquer la législation sur le terrain. En plus, et ça c’est mon paquet de mobilité pour après l’été, on va aussi évaluer la législation qu’on a maintenant. Est-ce que ça suffit? Est-ce que c’est bien organisé? Est-ce que ça nous aide à faciliter la mobilité, mais sans avoir l’abus et sans avoir le dumping social?


Antonio Solimando: Donc, engager des agents des finances pour traquer la fraude, dans le cadre du dumping social européen, c’est efficace? Vous encouragez les États à le faire?

Marianne Thyssen: Sûrement. Mais ce dont on a le plus besoin, c’est la collaboration des inspectorats des pays membres. Parce que c’est seulement en collaborant, qu’on peut avoir l’information.

Et ce que les gens doivent savoir, c’est que s’il y a quelqu’un qui utilise son droit de libre circulation, si quelqu’un vient travailler chez nous, qui a un accord avec un employeur chez nous, il est traité de la même façon: en ce qui concerne le droit de travail, les conditions de travail, le salaire, et les contributions de la sécurité sociale. Si c’est un travailleur détaché, il a le salaire de chez nous. Mais les contributions de la sécurité sociale doivent être payées dans le pays d’origine.

Mais ce qu’on doit faire, c’est s’assurer que c’est payé là où ça doit être payé. Et c’est ça qui est, pour l’instant, le plus important. On doit regarder, en ce qui concerne la coordination des règles de sécurité sociale, si notre système n’amène pas d’abus. Et s’il y a trop d’occasions d’avoir des abus, on doit les exclure et modifier la législation.

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