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Notre caméra cachée dévoile les pratiques illégales de certaines discothèques belges: "Des images qu’on ne voit nulle part en Europe"

Bureaux enfumés, coins fumeurs dans les restaurants, forte odeur de tabac séché embaumant le bistrot du coin… Ces images font partie du passé, et il est inconcevable de sortir une cigarette dans un espace public aujourd’hui. Les habitudes des fumeurs ont été bouleversées sur quelques années, mais les normes sont-elles toujours bien respectées ? L'émission Reporters est allée vérifier et un phénomène revient en force: la cigarette dans les discothèques. Pourquoi les inspections ne parviennent-elles pas à en finir avec cette pratique? La réponse dans Reporters, ce vendredi à 19h45 sur RTL-TVI.

La cigarette était bien ancrée dans le quotidien des belges. C’est en 2006 que tout a changé, avec l’interdiction de fumer sur son lieu de travail. L’année suivante, les restaurants ont connu le même sort. Le tabac a progressivement déserté les cafés proposant de la nourriture, puis l’entièreté des lieux publics "fermés" le 1er juillet 2011.

Si la loi s’est imposée en aussi peu de temps, il n’a pas été facile de la faire accepter partout. David Odekerken, gérant de La Maison des Brasseurs à Mons, s’en souvient encore : "Tant mes clients que moi-même n’étions pas contents. Quand on vient boire un verre, on a envie de fumer sa cigarette. La loi ne nous a pas laissé le choix, mais les gens se sont habitués." Nous sommes loin de la catastrophe économique annoncée, et une enquête de la Fondation contre le Cancer datant de 2012 a définitivement écarté ces craintes.

Une jeunesse prioritaire

Avec le temps, les cendriers ont bel et bien disparu des cafés et restaurants. Mais une fois la nuit tombée, un effort semble encore nécessaire du côté des discothèques et des night-clubs. Malgré l’interdiction et les contrôles potentiels, la nicotine ferait son grand retour dans plusieurs établissements, où une équipe de Reporters s’est rendue en caméra discrète. On y voit des dizaines de jeunes et de moins jeunes, fumer en toute impunité et sans la moindre remarque du personnel, comme si fumer dans un lieu public était à nouveau toléré, normalisé.

De telles images ne surprennent pourtant pas Luk Joossens, expert dans la lutte contre le tabagisme à la Fondation contre le cancer. Pour lui, la situation est le résultat d’un manque de volonté politique : "On va vers un retour en arrière. Ce sont des images d’il y a dix ans qu’on ne voit nulle part en Europe. On sait qu’il y a un nombre limité de discothèques et on connaît leurs heures d’ouverture. Il suffirait d’y envoyer des inspecteurs et le problème serait résolu."

Ce manque de contrôles résulterait d’un manque de moyens et d’effectifs. Mais Pierre Bizel, de l’Observatoire de la Santé du Hainaut, nuance : "C’est une information difficile à surveiller. Les contrôles se font souvent suite à des plaintes, et elles sont certainement moins nombreuses dans le monde de la nuit. Je crois qu’il y a des lieux de vie qui sont plus difficiles à couvrir que d’autres. Mais c’est pourtant bien là qu’il faut porter l’effort et dénormaliser le tabac comme dans d’autres endroits."

Dans son rapport de 2013, l’institut de Santé Publique confirmait déjà cette nécessité de se concentrer sur la jeunesse. Entre 20 et 24 ans, le taux de fumeurs est même supérieur à la prévalence nationale. Et c’est entre 15 et 20 ans que l’on commence à devenir fumeur régulier et que la dépendance s’installe.


Des résultats mitigés

Enfin, les mesures anti-tabac ne semblent pas avoir d’incidence sur le nombre de fumeurs, qui diminue lentement depuis plusieurs décennies. Ils étaient 30% en 1997 et ne sont plus que 23% en 2013. Cette diminution est moins importante encore chez les jeunes. Pourtant, le tabac continue de tuer la moitié de ses usagers, et le tabagisme passif provoque environ 890 000 décès chaque année dans le monde. 28% de ces décès seraient des enfants, selon l’Organisation mondiale de la Santé.

Les jeunes représentent donc une cible privilégiée, tant pour l’industrie du tabac que pour les associations de prévention. Mais le monde des boîtes de nuit ne concerne qu’une infime partie des établissements touchés par l’interdiction : en 2016, 13% des cafés contrôlés n’étaient toujours pas non plus conformes à la loi. Découvrez comment ces contrôles sont élaborés et s’ils sont réellement efficaces dans Reporters, ce vendredi à 19h45 sur RTL-TVI.

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