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Jean-Pascal Van Ypersele, l'un des plus grands spécialistes du climat, tire la sonnette d'alarme: "Certaines régions du monde risquent de devenir inhabitables" (vidéo)

Une partie de l'Europe continue lundi de suffoquer sous les effets de la canicule, qui s'accompagne de feux de forêts au Portugal et en Espagne, de pollution à l'ozone en France, des records dépassés chez nous en Belgique et a même eu raison des aiguilles du clocher de la majestueuse église Dom dans le centre des Pays-Bas. Jean-Pascal Van Ypersele, l'un des plus grands spécialistes du climat, était l'invité du RTLinfo 13h. Il a répondu à nos questions sur ces phénomènes météorologiques qui sont, selon lui, en lien avec le réchauffement climatique.

D'après Jean-Pascal Van Ypersele, l'un des plus grands climatologues, le doute n'est pas permis: cette vague de chaleur est directement dûe au réchauffement climatique. "Son intensité, la répétition de ce genre de phénomènes, son extension dans le monde, on ne peut pas conclure autre chose que cela", affirme-t-il sur le plateau du RTLinfo 13h d'Alix Battard.

Ce n'est pas fini...

Et avec les années, cela risque d'empirer, prévient-il. "Ce qu'il se passe maintenant, c'est ce qu'ont annoncé les climatologues depuis une quarantaine d'années. Depuis 40 ans, on répète que l'accumulation des gaz à effet de serre comme le CO2 va avoir ce genre d'effet. Et il faut absolument réduire ces émissions à zéro le plus vite possible. Ce pourquoi les politiques ne sont pas du tout prêtes".

Il n'est pas trop tard mais...

Pas d'alarmisme pour autant, il n'est pas trop tard. L'être humain peut encore avoir une emprise là-dessus. "Tout à fait", répond Jean-Pascal Van Ypersele. "On peut réduire l'ampleur des dégâts à l'avenir en réduisant les émissions de gaz à effet de serre d'une part et d'autre part en préparant beaucoup mieux nos sociétés, nos écosystèmes, nos villes en particulier à ces canicules et ces événements extrêmes qui vont se multiplier".

Une solution existe pour refroidir nos villes

Aux portes de Bruxelles, la forêt de Soignes est essentiellement composée de hêtres, une variété particulièrement sensible au manque d'eau et qui souffrent actuellement de la sécheresse. La solution est-elle de plus planter d'arbres dans les villes? "Il faut plus planter dans les villes, ça c'est sur. Mais pas des hêtres. Les arbres dans nos villes contribuent à refroidir le climat local de plusieurs degrés et permettent de survivre davantage en période de canicule", indique encore Jean-Pascal Van Ypersele.

La Belgique, mauvaise élève en matière de lutte contre le réchauffement climatique

Ceci dit, on peut tout à fait se demander ce qu'a déjà fait la Belgique pour lutter contre le réchauffement climatique. "Pas grand chose par rapport à l'ampleur que cela a pris. Très franchement, pas grand chose", tonne le climatologue. "On est très loin, aussi bien du côté de l'adaptation que du côté des réductions des émissions, de faire ce qui serait nécessaire pour arriver à des émissions nulles dans les 30 à 40 années qui viennent. C'est un défi formidable qui touche tous les secteurs d'activité et qui demanderait que les politiques s'en occupent bien davantage aujourd'hui".

"Il y a des limites à ce que les corps humains peuvent subir"

Et si l'on regarde même encore plus loin, à l'horizon 2070, les prévisions sont effrayantes. Selon des spécialistes, certains endroits de la planète pourraient carrément devenir inhabitables comme par exemple la province qui entoure la ville de Pékin en Chine alors que plus 400 millions de personnes y vivent... "Il y a des limites à ce que les corps humains, à ce que les écosystèmes peuvent subir. C'est bien la raison pour laquelle lors de la canicule de 2003 on a compté un grand nombre de décès en Belgique et en Europe. Le corps n'arrive plus à se refroidir et si cela se combine à une pollution de l'air comme celle qui a lieu maintenant, ce sont des températures et des situations climatiques qui peuvent tuer effectivement. Et donc, progressivement, certaines régions du monde risquent de devenir inhabitables ou en tout cas beaucoup moins habitables qu'aujourd'hui".

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