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Le bras de fer continue entre la Grèce et ses créanciers: Tsipras dénonce une "position étrange" du FMI

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a accusé ce mercredi le FMI de bloquer les négociations visant à éviter à son pays un défaut de paiement, avant une série de réunions cruciales à Bruxelles.

En route pour la capitale européenne, Alexis Tsipras a déploré "l'insistance de certaines institutions (les créanciers, NDLR) qui n'acceptent pas des mesures compensatoires" présentées par Athènes, a indiqué une source gouvernementale grecque. Dans son viseur: le FMI, institution à laquelle la Grèce reproche son intransigeance et sa "responsabilité criminelle" dans la crise qu'elle traverse.

A Athènes, le gouvernement a précisé avoir rejeté une contre-proposition soumise par les créanciers et comprenant surtout des souhaits du FMI, notamment une hausse des recettes de la TVA et des coupes plus importantes dans les dépenses publiques. "La non-acceptation de mesures compensatoires n'a jamais eu lieu. Ni en Irlande ni au Portugal, nulle part !", s'est insurgé M. Tsipras, citant deux pays qui ont bénéficié d'un plan d'assistance financière UE-FMI.


Un nouveau "grand oral"

Le dirigeant de la gauche radicale, les traits tirés, est arrivé vers 11H00 GMT à Bruxelles, où il a été accueilli par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Il devait également rencontrer les dirigeants de la BCE et du FMI, Mario Draghi et Christine Lagarde, ainsi que Klaus Regling, à la tête du fonds de soutien de la zone euro (MES), et Jeroen Dijsselbloem, le patron de la zone euro.

Cette rencontre, organisée par la Commission européenne, s'apparente à un nouveau "grand oral" pour M. Tsipras, six jours avant la date-butoir d'un remboursement au FMI de quelque 1,5 milliard d'euros qui alimente les craintes de défaut de paiement.

Le déblocage d'une tranche d'un prêt en suspens depuis presque un an (7,2 milliards d'euros), ou à défaut un geste financier de la BCE, sera nécessaire pour qu'Athènes honore cette échéance.

Le porte-parole du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé qu'il restait "encore un long chemin" avant que la Grèce ne parvienne à un accord. "Il ne peut y avoir une solution que si elle est approuvée par les trois institutions", a-t-il insisté, et "cela vaut en particulier aussi pour le FMI".


Quelle tactique ?

Plus optimiste, une source au fait des discussions évoque "un climat positif, réaliste et une détermination à parvenir à une conclusion" rapidement, mercredi dans la nuit à l'occasion d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, ou du sommet européen prévu pour jeudi et vendredi à Bruxelles.

La réunion au sommet, au siège de la Commission européenne, vise à permettre d'avoir quelque chose sur la table de l'Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone euro). "Il y a du pain sur la planche", a résumé le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem."La question est de savoir quelle sera la tactique de négociation des Grecs", indique un observateur, pour qui la réunion peut durer jusqu'au bout de la nuit ou au contraire, être très brève.


De nouvelles propositions grecques

Pour obtenir l'aide promise, Athènes a présenté lundi de nouvelles propositions, reposant surtout sur une hausse des taxes, qui prévoient huit milliards d'euros d'efforts budgétaires supplémentaires à effectuer en 2015 et 2016. Elles ont été jugées relativement positives par les créanciers, UE et FMI. Les discussions s'étaient poursuivies entre experts mardi à Bruxelles, où certains négociateurs grecs sont restés après les réunions de lundi. Mardi encore, des différends subsistaient parmi les créanciers, mais une position commune a depuis été trouvée, affirme une autre source au fait des discussions.

Si la partie grecque accepte le principe d'un budget en excédent primaire (le solde du budget hors charge de la dette) d'1% cette année et de 2% l'an prochain, qui a longtemps été l'un des points d'achoppement des discussions, elle bloque sur la répartition des différents taux de TVA et sur la réforme des retraites.


La partie n'est pas gagnée

Dans le cas où un accord serait trouvé dans les 48 heures, ce serait l'aboutissement de négociations "au forceps" de plus de cinq mois entrecoupées d'une série de réunions d'urgence, chacune étant présentée comme celle de la dernière chance. Mais il faudra encore que M. Tsipras le fasse approuver par son Parlement, ce qui pourrait s'avérer très délicat. Et d'autres Parlements, dont le Bundestag allemand, devront se prononcer dans les jours qui suivent. Là encore, la partie n'est pas gagnée.

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