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Un médecin devenu homme d'Eglise, Michel Aupetit, promu archevêque de Paris

Il a été médecin pendant onze ans, avant d'être ordonné prêtre puis évêque: Mgr Michel Aupetit, spécialiste des questions de bioéthique, a été nommé jeudi archevêque de Paris, siège exposé et tribune stratégique pour l'Eglise de France.

Choisi par le pape François, il succède, à 66 ans, au cardinal André Vingt-Trois, figure influente du catholicisme français, dont il a été l'un des adjoints.

Atteint depuis novembre par la limite d'âge (75 ans) et affaibli par un syndrome neurologique de Guillain-Barré, ce dernier prend sa retraite après avoir passé douze ans à la tête de l'Eglise parisienne, dont il avait hérité de son mentor, le cardinal Lustiger.

Pour cette succession attendue, qui a alimenté de nombreuses spéculations, le pape a finalement fait un choix sans surprise, marqué du sceau de la continuité.

Médecin généraliste à Colombes (Hauts-de-Seine) pendant onze ans avant d'entrer au séminaire, Michel Aupetit a été ordonné prêtre en 1995 pour le diocèse de Paris, dont il est devenu en 2006 vicaire général, promu évêque auxiliaire en 2013.

Il n'a fait défaut au diocèse parisien qu'en devenant évêque de Nanterre, au printemps 2014. Infidélité toute relative puisque l'important diocèse de l'Ouest parisien fait partie de la province ecclésiastique - les huit départements d'Île-de-France et le diocèse aux armées - que Mgr Aupetit fédèrera désormais en tant qu'archevêque métropolitain.

Dans les limites du périphérique, il pilotera le plus important diocèse de France, avec ses plus de 500 prêtres en activité, sa centaine de paroisses souvent dynamiques, ses laïcs salariés ou bénévoles engagés dans divers mouvements et missions (SDF, migrants...).

Plus encore que le président de la Conférence des évêques de France (CEF) - actuellement l'archevêque de Marseille, Mgr Georges Pontier - ou le primat des Gaules à Lyon - le cardinal Philippe Barbarin -, il sera celui qui incarne le premier culte français auprès des autorités politiques, de la société civile et des médias.

- "Elan missionnaire" -

Vu son parcours original avant la prêtrise et sa faible ancienneté dans l'épiscopat, ce prélat, même à 66 ans, offrirait presque un visage de renouveau. Une image bienvenue dans une Eglise de France prise dans de forts remous, face aux scandales d'abus sexuels.

Le Dr Aupetit a obtenu en 1994 un diplôme universitaire en éthique médicale, sujet dont il a fait sa spécialité au sein de l'épiscopat, de la conception à la fin de vie.

Avec son parler franc, le président du conseil "famille et société" à la CEF devenu archevêque de Paris n'hésitera probablement pas à monter au front sur les questions de bioéthique. Contre l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA), par exemple. Ce prêtre de la génération Jean-Paul II, à la doctrine très classique sur les questions familiales et morales, fait aussi partie de la vingtaine d'évêques français qui soutiennent les "Marches pour la vie" anti-avortement.

Son installation sur la cathèdre (trône de l'évêque) de Notre-Dame de Paris aura lieu le 6 janvier à 18H30. En attendant cette prise de possession canonique, le cardinal Vingt-Trois gouvernera l'archidiocèse en qualité d'administrateur apostolique.

Dans un message, l'archevêque désormais émérite s'est dit "reconnaissant" au pape de l'avoir "soulagé" sans tarder "d'une charge qui dépassait (ses) forces actuelles". Une messe d'action de grâce marquera son départ le 16 décembre.

Le Dr Aupetit arrive - ou plutôt revient - au chevet d'une Eglise parisienne qui "est vivante" et a encore "la capacité de se développer", avait souligné son prédécesseur en juillet dans un entretien à l'AFP. Mais, "comme d'autres, elle est dans une période de cassure entre l'héritage d'une société post-chrétienne et l'avènement d'une société des idoles - une société de fric", avait-il analysé.

Le nouvel archevêque, qui n'est pas assuré d'être créé cardinal même si Paris est traditionnellement un siège "cardinalice", aura à coeur de poursuivre dans la capitale l'"élan missionnaire" qu'il a appelé de ses voeux dans son territoire de banlieue. En catholique convaincu que le Christ "est ce que nous avons de mieux à apporter à notre monde particulièrement blessé".

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