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Décryptage: qu’est-ce qu’une perquisition renforcée et comment se déroule-t-elle?

C'est un type de perquisition... pas comme les autres. Le processus de perquisition renforcée n'est enclenché qu'en cas de danger potentiel avéré, et suivant des critères bien précis. Dans quels cas ce type de perquisition est-il utilisé? Qui est en charge de l'opération? Quelle est la différence avec une perquisition "normale"? 

Il existe 3 types de perquisitions. Chacune est choisie selon des critères particuliers : "Le mode opératoire et les équipes mobilisées sont choisis en fonction de l’évaluation de la menace. La responsabilité revient à l’équipe/unité à qui le mandat de perquisition a été confié," nous indique une source policière.

Le premier type de perquisitions est mené par les zones de police, ou encore la police fédérale. Il s’agit du cas de figure le plus  courant.: "Dans ce cas-ci, le niveau de menace est estimé comme étant faible. Ce sont des membres de la police qui se chargent de la perquisition. Ils ont une formation de base et s’entraînent 4 à 5 fois par an. Cette perquisition peut seulement avoir lieu entre 5 h et 21h. On estime qu’il n’y a pas d’urgence en tant que tel."

Si la perquisition présente un potentiel danger, alors un renfort est demandé. C’est dans ce cas-là que le terme de "perquisition renforcée" est utilisé : "Des équipes spéciales sont alors débloquées, comme le PAB (Peloton Anti-Banditisme), ou encore le TST (Tactical Support Team). Il s’agit là d’effectifs avec une formation spécialisée et un entraînement intensif quotidien ".

Les membres des unités spéciales interviennent dans les situations de Fort Chabrol, d’enlèvements ou encore de prises d’otages

C’est donc seulement lorsque le niveau de danger maximum est estimé, que les membres de l’unité de forces spéciales fédérales entrent en action. Leur devise est "Ultima Ratio", ce qui veut dire ultime recours en latin : "Dans ce cas, les méthodes sont plus intrusives. Les membres des unités spéciales interviennent dans les situations de Fort Chabrol, d’enlèvements ou encore de prises d’otages. Ils ne font que ça. C’est un peu comme un conditionnement. Ils ont des entraînements précis, aussi bien physiques que psychologiques. Les membres de cette unité sont hautement spécialisés dans la pénétration de bâtiments. Ils disposent d’armes plus sophistiquées et ont un entraînement continu, pour se tenir à jour sur les armes les plus récentes."

Au total, ils sont 570 policiers en Belgique, à travailler sous les ordres de la direction des unités spéciales. Le siège se situe à Bruxelles, mais il existe 4 unités décentralisées à Gand, Liège, Charleroi, Anvers. 

En 2023, les unités spéciales de la police fédérales ont effectué 4900 missions, dont 145 perquisitions renforcées.

Quel est le déroulement d’une perquisition renforcée?

Derrière chaque perquisition renforcée, il y a une analyse au préalable du suspect : "Sa personnalité est passée au crible. Son entourage, est également sous surveillance pour anticiper qui pourrait potentiellement se trouver avec lui lors de l’opération. Des recherches sont également menées sur les habitudes du suspect, pour pouvoir établir l’horaire idéal de la perquisition. Dans le cas d’une perquisition renforcée, l’intervention peut se faire 24h/24h."

Le lieu de la perquisition est également étudié : "Il faut se rendre compte qu’on parle de la pénétration d’un domicile. Il y a une véritable enquête, avec les plans du bâtiment où se déroule la mission. Les possibilités d’entrée et de sortie sont alors précisément définis, avec plusieurs options, planifiées à l’avance." 

Le Jour J, tout se passe très vite

Une rigueur obligatoire, pour pouvoir intervenir le plus efficacement possible : "Le Jour J, tout se passe très vite. Les unités spéciales n’ont pas encore fini de s’annoncer, qu’elles sont, en théorie, déjà censées être au pied de votre lit. L’objectif est de mettre le suspect en position d’être intercepté et de sécuriser le lieu de l’opération, avant l’arrivée des enquêteurs." 

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Unités spéciales : un risque quotidien

Malgré tout, le risque 0 n’existe pas : "Il y a toujours une part d’incertitude. Quelques fois, on sous-estime le risque, parfois, on le surestime. Toute perquisition peut tourner au drame. Personne n’est à l’abri que ça tourne mal, et les policiers le savent très bien. Lorsqu’on s’introduit chez quelqu’un, ça n’est pas anodin. Les équipes ont beau tout préparer, mais les émotions, sont impossibles à anticiper. La réaction de la personne qu’on essaye d’arrêter est finalement la seule inconnue. Il est impossible de savoir si le suspect se laissera appréhender, ou s’il résistera, ou même s’il appuiera sur son arme. Il faut garder son sang-froid et être capable de gérer la situation sans se mettre en danger." 

C’est une mort qui n’a aucun sens, si ce n’est celle du devoir

Pourtant, toujours selon notre source, les violences lors des perquisitions sont de plus en plus fréquentes :"Il y a de plus en plus d’armes qui circulent et les individus appréhendés n’hésitent plus à s’en servir. Ils n’ont pour certains, plus rien à perdre, avec parfois, des conséquences dramatiques pour nos équipes sur le terrain. Ça reste un métier risqué même si on a derrière soit 25 ans de carrière. Le drame à Lodelinsart en est la preuve. C’est une mort qui n’a aucun sens, si ce n’est celle du devoir." 

 

 

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