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La victoire de Donald Trump pourrait accélérer la création d’une armée européenne au détriment de l'Otan

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE se sont efforcés dimanche soir à Bruxelles de dédramatiser les relations avec la future administration Trump, plaidant pour un "partenariat très fort" avec Washington et réaffirmant leur volonté de faire entendre la voix de l'Europe. Ils y voient aussi une opportunité de faire avancer le dossier d’une armée européenne.

L'avenir de la défense européenne sera au coeur des discussions entre les 28 lundi, une poignée de capitales, Paris et Berlin en tête, souhaitant accélérer le partage de moyens militaires, malgré les fortes résistances des plus atlantistes craignant une concurrence avec l'Otan. L'élection de Donald Trump est vue par certains comme une opportunité à saisir pour développer une défense européenne plus autonome.

Le président élu avait déclaré pendant sa campagne qu'il pourrait mettre des conditions à l'engagement américain dans l'Otan, alors que les Etats-Unis assurent les deux tiers des dépenses militaires de l'Alliance.

A ce sujet le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a prévenu que "ce n'est pas le moment de remettre en cause le partenariat entre l'Europe et les Etats-Unis", dans un quotidien britannique dimanche. "Les dirigeants européens ont toujours compris que faire cavalier seul n'est pas une option", a-t-il aussi estimé.


Renforcer l’action de l’Europe en matière de sécurité et de défense

"Le débat maintenant, c'est surtout de voir comment l'Union européenne peut renforcer sa voix dans le monde", a affirmé Didier Reynders (MR). "Quelle que soit l'administration américaine on sait depuis longtemps que l'Europe devra renforcer son action en matière de sécurité et de défense, mais c'est peut-être vrai aussi dans le monde du commerce, de la migration, du changement climatique", a-t-il plaidé. "Il y a peut-être une opportunité à saisir: il ne s'agit pas du tout de faire plus d'Europe partout, mais de définir les domaines fondamentaux où seule une démarche commune a un sens", a-t-il souligné.


Pour faire remonter les demandes de chaque pays en vue de la future rencontre UE-USA

Cette réunion extraordinaire, sous la forme d'un "dîner informel" à la veille d'une réunion des 28, avait été convoquée par la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini, mercredi dès l'annonce de la victoire surprise du candidat populiste à la Maison Blanche.

Selon un haut responsable européen, la chef de la diplomatie de l'UE voulait lors de ce dîner informel de dimanche soir donner l'opportunité aux pays membres de lui "faire remonter les sujets" prioritaires à leurs yeux, qu'ils soient "régionaux, thématiques ou liés à la défense et à la sécurité". Charge ensuite à Mme Mogherini d'aller faire part des préoccupations européennes à celui ou celle qui succédera à John Kerry au poste de secrétaire d'Etat et sera son interlocuteur à Washington. "Elle voudra probablement aller là-bas très bientôt", peut-être même avant le 20 janvier, date de la prise de fonction de la nouvelle administration, selon ce même responsable européen.


Piques envers deux absents

Plusieurs ministres ont décliné l'invitation, dont le Britannique Boris Johnson, qui "ne voyait pas l'utilité" de cette réunion supplémentaire, et le Français Jean-Marc Ayrault, "pour des raisons d'agenda".

Evoquant les absences remarquées au dîner, Federica Mogherini a dit que l'une d'elles était liée à "des raisons politiques", en allusion au ministre hongrois Peter Szijjarto. La Hongrie est le seul pays de l'UE qui avait souhaité une victoire de Donald Trump. Et pour M. Szijjarto, qui s'exprimait vendredi dans la presse hongroise, le rendez-vous de dimanche à Bruxelles était "complètement prématuré", "de la perte de temps", alors que l'équipe Trump n'est pas encore constituée.

Mme Mogherini a aussi souligné avec ironie l'absence du Britannique Boris Johnson. "J'imagine que c'est juste normal pour un pays qui a décidé de partir (de l'UE) de ne pas être intéressé par nos discussions sur le futur de nos relations", a-t-elle lâché.

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