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Être homosexuel et musulman: Bruxelles accueille l'exposition "Just me and Allah" de Samra Habib

La photographe Samra Habib a tiré le portrait des membres de la communauté LGBT de confession musulmane pour mettre en lumière ces hommes et ces femmes parfois exclus de leur communauté religieuse. Elle réalise une exposition à Bruxelles, en marge de la Belgian Pride qui se déroule ce samedi.

Depuis mardi dernier, la maison des cultures maroco-flamandes de Bruxelles accueille l’exposition " Just me and Allah ". L’artiste pakistano-canadienne Samra Habib saisit les visages et les histoires des queers musulmans partout dans le monde.

Un(e) queer, c’est quoi ?

En français, " queer " définit quelque chose de peu commun voire d’étrange. La communauté LGBT s’est approprié ce terme pour dénoncer les discriminations qui lui sont faites. La théorie " queer " dénonce également un monde social qui ne légitimerait que l’hétérosexualité et de facto, la corrélation faite entre le genre et le sexe.


Une femme, une histoire, un projet

Samra est née à Lahore, au Pakistan. Ses parents obtiennent le statut de réfugiés et partent vivre au Canada, elle avait tout juste dix ans. La famille s’installe à Toronto, Samra vit son adolescence dans une société aux antipodes de sa vie pakistanaise et devient rédactrice-éditrice mode à l’âge adulte. Le milieu professionnel de Samra va la conduire à rencontrer de nombreux photographes. Ces rencontres vont jouer un rôle dans sa volonté de parcourir le monde pour capturer des visages, des personnalités et des émotions.

New York, Istanbul ou encore Berlin, elle est partie à la rencontre de ceux dont on ne parle pas, les laisser pour compte d’un monde social et d’une communauté religieuse qui ne les acceptent pas. A travers cette série de portraits, la photographe souligne que le genre ne détermine par l’orientation sexuelle. L’artiste appréhende la sexualité non pas comme un fait naturel, mais comme quelque chose émanant d’une construction de soi et influencée par un environnement socio-culturel déterminé. Mais les croyances des uns et le conservatisme des autres ont peu évolué ces dernières décennies et place ainsi les " queers muslims " dans une importante précarité sociale.


 

Une orientation sexuelle qui peut coûter la vie

Regarder l’objectif quand on est queer et musulman n’est pas si simple. Ils choisissent de s’exposer publiquement et ce n’est pas sans conséquences. "Ces hommes et ces femmes queers et musulmans, ce n’est pas évident pour eux ici, mais ça l’est encore moins dans les pays d’où ils sont originaires. Je pense au Pakistan, à l’Inde, à la Turquie, où ils ont dû se battre contre des préjugés, et bien souvent au sein de leur propre famille (...) j’ai beaucoup d’admiration et j’admire leur force" nous a confié Bianca Debaets, secrétaire d’Etat bruxelloise en charge de l’égalité des chances, présente lors de l’exposition.

Dans certains pays, les participants au projet ont pris des risques pour leur sécurité. C’est le cas de Shay - ce jeune homme photographié par Samar - qui a refusé de montrer son visage par peur de représailles. Shay a grandi en Iran, un pays pratiquant la charia islamique et où il n’est pas bon d’enfreindre les règles de bienséances politico-religieuses. Shay vivait de plus en plus mal le fait de devoir cacher son homosexualité. Il décide de s’enfuir en Turquie et trouve Istanbul comme point de chute.

Shay n’est pas le seul dans ce cas précis, de nombreux pays ont une politique répressive envers la communauté LGBT. "Je reçois des messages de queers partout dans le monde où être queer et musulman peut être punissable par peine de mort", déplore Samra Habib. A cette pression politico-sociale et religieuse, s’ajoute la pression psychologique et le questionnement rétrospectif que s’inflige nombre d’entre eux.


 

 "Just me and Allah" : comprendre, s’accepter, s’aimer

Ce projet n’est pas seulement présent pour éveiller les consciences sur la condition des queers musulmans dans le monde, mais il a permis d’aider les participants dans leur propre introspection face aux pressions sociales quotidiennes. "Voyant un tel projet, c’est quelque chose d’important pour moi d’y participer, ça me permet de comprendre qu’on peut être trans, gay, lesbienne ou queer et que ça n’a rien à voir avec la religion (aspect dogmatique), chacun peut avoir une relation plus poussée avec le créateur", confie Raissa, transsexuelle et musulmane qui participe au projet dans les jours prochains.

L’exposition "Just me and Allah" est à découvrir jusqu’au samedi 14 mai à la maison des cultures maroco-flamande de Bruxelles.

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