C'est la première fois qu'il s'exprime en télévision. Maître Stanislas Eskenazi, avocat de Mohamed Abrini assure la défense de celui qu'on surnommait "l'homme au chapeau". Selon lui, accepter cette défense n'a pas demandé de longue réflexion. "On accepte facilement car au moment où ça se présente, on est face à quelqu'un qui est acculé, qui a tout le monde contre lui, décrit maître Eskenazi. Donc, c'est un honneur qu'on vous fait de vous demander de défendre quelqu'un comme ça. Mais il faut tout de suite dire que parfois, on commet l'erreur de penser que parce que quelqu'un vous fait l'honneur de vous demander de le défendre, alors vous considérez les faits qu'il a commis comme honorables. L'un et l'autre ne se mélangent pas. Les faits commis sont terriblement graves et c'est avec beaucoup de responsabilité et d'humilité que j'ai choisi de défendre ce dossier".
Maître Jonathan De Taye, autre avocat ayant choisi de défendre l'un des suspects des attentats (Ali El Haddad Asufi, ndlr), le rejoint en ce sens. "On accepte très vite de rencontrer le client, décrit-il. Il y a un délai de réflexion, mais j'ai immédiatement choisi de m'occuper de ce dossier car il y avait énormément de choses qui n'allaient pas et qui seront discutées devant la cour d'assises".
Ce premier contact entre le suspect et son avocat est essentiel, selon maître Stuyck. La rencontre va donner le ton de la collaboration. "Ca va me permettre de travailler de façon efficace, en confiance et ce, de façon réciproque, explique maître Gisèle Stuyck, qui défend les intérêts d'Osama Krayem, le Suédois qui a refusé au dernier moment de se faire exploser dans le métro. Les faits n'entrent pas en considération dans l'appréciation de ce choix".
Maître Eskenazi espère un "grand moment de justice"
L'implication des avocats Stuyck et Eskenazi connaîtra son apogée au moment du procès des attentats de Bruxelles et de celui de Paris. Un moment qui sera fort en émotion. "En tant que Bruxellois, nous avons tous été touchés par ces événements, rappelle-t-il. Ce n'est pas parce que je suis avocat d'un des prévenus que je n'ai pas été touché par les événements. Ce sera j'espère un grand moment de justice où la justice pourra éclater vraiment et où l'on pourra comprendre ce qui s'est passé et ce qui s'est passé dans la tête de ces personnes".
Ces avocats devront réorganiser toute leur activité professionnelle en vue de ce procès. "De 2021 à 2022, je serai prise par ce procès, admet maître Stuyck. Il faut savoir que les dossiers en matière de terrorisme concernent moins de deux pourcents de ma clientèle. Donc, la difficulté sera de gérer les autres dossiers en même temps".
Pour ces avocats, faire honneur à la démocratie est de permettre à chaque être humain de se défendre, même si les faits commis les éloignent de l'humanité.
