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Aux législatives, Le Pen au défi de rester première opposante

Marine Le Pen a lancé mercredi son parti dans la bataille des élections législatives où la finaliste de la présidentielle entend conforter sa place de première opposante à Emmanuel Macron, revendiquée aussi par Jean-Luc Mélenchon et son union des gauches.

Après être restée discrète depuis son échec à la présidentielle face au président sortant, où elle a réuni 41,5% des voix au second tour, elle a fait sa rentrée médiatique mardi soir sur TF1, estimant qu'Emmanuel Macron obtiendrait une majorité aux scrutins des 12 et 19 juin.

"La vraie question", c'est "quelle opposition" aura le chef de l'Etat face à lui, a-t-elle insisté.

Les Français "ont déjà un peu choisi en me mettant au second tour", a-t-elle fait valoir. Et ils "ne veulent pas de cette opposition" de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) conduite par M. Mélenchon, arrivé troisième à la présidentielle.

L'insoumis "peut transformer l'Assemblée nationale en ZAD", a-t-elle prévenu mercredi sur RTL, avec "les défenseurs des black blocs, les défenseurs du burkini à la piscine, ceux qui veulent désarmer la police, ouvrir les prisons".

- "République Traoré" -

Pour le chef du RN Jordan Bardella, qui a présenté mercredi à la presse les 569 candidats du parti, "M. Mélenchon et M. Macron sont les revers d'une même pièce, ils appartiennent tous les deux au camp de ceux qui veulent déconstruire la France".

Il a appelé à cet égard à voter "pour la République française" mais "contre la République McKinsey et contre la République Traoré".

La stratégie des législatives ressemblera beaucoup à celle de la présidentielle: dans le "respect" et loin des "brutalités qu'on a pu pratiquer pendant des années", elle sera toujours axée sur le pouvoir d'achat, ce qui permet de reléguer au second plan les propositions plus controversées du RN sur l'immigration et l'islamisme.

Marine Le Pen, qui brigue un nouveau mandat de députée du Pas-de-Calais, n'a pas donné d'objectif chiffré à ce scrutin.

Jordan Bardella souhaite que le RN se dote "du groupe le plus puissant" à l'Assemblée pour "empêcher l'hubris présidentiel" et la "casse sociale".

Une projection de l'institut Opinionway accorde entre 135 et 165 sièges à la Nupes, et entre 20 et 40 au RN, la majorité présidentielle obtenant entre 310 et 350 sièges.

Le mode de scrutin - majoritaire - est plutôt défavorable au parti d'extrême droite. En 2017, Marine Le Pen avait réuni 33,9% des voix au second tour de la présidentielle mais n'avait obtenu que huit députés (sept aujourd'hui, dont une apparentée).

Le Front national (devenu RN) a obtenu une seule fois un groupe entre 1986 et 1988, avec 35 députés, grâce à la proportionnelle.

Le RN fait valoir cette fois que Marine Le Pen a dépassé les 40% dans 339 circonscriptions.

- "Système" -

Il s'agit aussi pour Marine Le Pen, qui vient d'essuyer son troisième échec à la présidentielle, de remotiver ses troupes, qui avaient accusé le coup après son débat raté en 2017.

Mais "même si les gens sont déçus, ils en veulent plus au système qu'à Marine Le Pen", tempère l'ancien directeur de campagne adjoint, Jean-Philippe Tanguy.

La bataille se mènera sans accord avec le parti Reconquête! d'Eric Zemmour, qui a réuni 7,07% des voix à la présidentielle et va présenter 550 candidats.

Même Stanislas Rigault, chef de file du mouvement de jeunesse Génération Z, qui a été approché par Jordan Bardella, aura face à lui une candidate RN dans le Vaucluse.

Jordan Bardella estime qu'aucun candidat de Reconquête! "ne sera en mesure de se qualifier au second tour" et qu'Eric Zemmour, s'il se présente "part au carton".

Le RN a aussi présenté un candidat dans la circonscription de Guillaume Peltier, vice-président de Reconquête!, dans le Loir-et-Cher ainsi que dans la 4e circonscription du Var (Saint-Tropez), regardée de près par M. Zemmour, qui hésite toujours à se lancer.

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