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Me Valérie Gérard a qualifié mercredi d'"intolérable" l'usage de l'expression "dommages collatéraux" pour qualifier les victimes des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. La pénaliste, qui représente les parties civiles, faisait référence aux propos tenus par Me Nicolas Cohen lors de sa plaidoirie pour défendre l'accusé Bilal El Makhoukhi.
L'avocat de ce dernier a tenté de convaincre le jury que son client n'était pas coupable d'assassinats et de tentatives d'assassinat dans un contexte terroriste mais bien de crimes de guerre. Ce faisant, Me Cohen a affirmé que les victimes des attaques à Maelbeek et à Zaventem étaient la conséquence des frappes menées en Syrie par la coalition internationale, dont a fait partie la Belgique.
"On vous demande de prendre ce qui est au premier plan de ce procès, à savoir les assassinats et tentatives d'assassinat, et de les mettre au second plan pour place au premier les exactions en Syrie", a regretté Me Gérard.
La femme de loi s'est aussi indignée de la récupération par la défense de propos tenus par certaines victimes. Elle a notamment cité le moment où Mohamed Abrini s'est excusé auprès de deux victimes avant de leur demander comment elles allaient. L'une d'elles avait alors répondu "je vais". "Lorsque la défense de M. Abrini a pris la parole, elle a prétendu que cette personne avait répondu : 'je vais bien, merci', enlevant toute la nuance exprimée par la victime, qui avait justement voulu signifier qu'elle ne savait pas elle-même comment elle allait", a dénoncé Me Gérard.
"C'est le job de la défense de remettre de l'humain, mais cette personne s'est sentie bouleversée, brisée et furieuse", a ajouté l'avocate, précisant que toutes les victimes dont les propos avaient étés repris par la défense s'étaient senties "instrumentalisées" et "niées".