Délégation iranienne: "Le problème, c'est que le boucher de Téhéran a pu se promener à Bruxelles et que la ministre Lahbib change de version"

Le député fédéral Samuel Cogolati (Ecolo-Groen) était l'invité de la rédaction sur bel RTL ce jeudi matin. L'écologiste a déploré l'incohérence dans les propos de la ministre des Affaires étrangères dans le dossier brûlant des visas accordés à une délégation iranienne. Samuel Cogolati a répondu aux questions de Frédéric Delfosse. 

On a octroyé des visas pour que cette délégation iranienne vienne à cette conférence, sur base d’une demande de la région. La semaine dernière, Hadja Lahbib est venue s’expliquer au parlement. Qu’est-ce que la ministre a expliqué à ce moment-là pour justifier cette décision d’octroi ? 

"Tout à fait. Qu’est-ce qui pose problème ? C’est que ce boucher de Téhéran qui menace la vie, les libertés d’opposantes iraniennes, y compris celles qui sont en exil sur notre territoire en Belgique, ce boucher de Téhéran a pu se promener quasi mains dans les poches dans les rues de Bruxelles. Ce qui ne va pas, c’est que la version que nous avons reçue ce mercredi la vérité d’aujourd’hui n’est pas la même que celle qui a été défendue par la ministre des Affaires étrangères jeudi dernier."

La semaine dernière, Hadja Lahbib a dit qu’elle n’a finalement pas eu le choix suite à l’invitation lancée par la région bruxelloise…

"La semaine dernière, et c’est la ligne dure adoptée par son parti le MR et son président, c’était de dire que c’était absolument la faute du secrétaire d’Etat bruxellois et que ce n’était pas la compétence du fédéral pour l’octroi des visas. Elle a même utilisé des mots très durs pour dire que la venue des Iraniens "salissait" l’image de Bruxelles et de la Belgique à l’étranger." 

Qu’on allait humilier l’Iran si on ne délivrait pas les visas…

"Sauf qu’aujourd’hui exactement c’est une toute autre version qui est défendue et ça c’est effectivement un problème majeur à nos yeux. La crédibilité ici de la ministre est vraiment fragilisée et en tout cas sa version n’a pas été à la hauteur du parlement."

Et hier qu’est-ce qu’elle a finalement avancé comme arguments ? 

"Ce qu’elle a avancé comme argument, c’est que cette venue des Iraniens jugée tout à fait inopportune il y a une semaine était aujourd’hui absolument nécessaire même impérative pour éviter un conflit diplomatique. Mais évidemment on ne le comprend pas bien puisque le 20 mars déjà son administration au ministère des affaires étrangères disait "attention c’est une très mauvaise idée, vu les conditions actuelles en Iran". Vous savez c’est un régime de terreur. On parle ici du boucher de Téhéran. Nous ne comprenons pas comment finalement il y a eu ce volte-face en mai que la ministre ait pu tout à coup décider de débloquer le dossier et d’octroyer ces visas."