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Le confinement sanitaire décrété dans plusieurs villes chinoises, qui contraint des usines à l'arrêt, "aura des répercussions" économiques "s'il dure", a estimé lundi le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, prévenant que l'inflation serait "très importante" en 2022 notamment en raison de l'invasion russe en Ukraine.
Interrogé par France Inter sur la croissance en Europe, il a estimé qu'avec la guerre en Ukraine, il était "extrêmement difficile de faire des prévisions aujourd'hui". "Elles sont revues tous les 15 jours, malheureusement à la baisse en matière de croissance, et à la hausse en matière d'inflation, et je pense que ces deux tendances vont perdurer", a dit M. Breton.
En outre, "aujourd'hui en Chine, on est en train de reconfiner toutes les entreprises du delta de la Rivière des Perles, c'est-à-dire quasiment entre Shenzen et Canton, où vous avez les plus gros secteurs de l'activité économique et notamment en matière électronique, comme la Chine ne l'a jamais fait", a-t-il poursuivi. "Evidemment, on va avoir un arrêt des chaînes de valeur et automatiquement, si ça dure, ça aura des répercussions."
En raison d'une flambée record des cas de Covid-19, dix villes chinoises dont Shenzhen, centre technologique du sud du pays, sont confinées, contraignant notamment une usine de fabrication d'iPhones à suspendre ses activités.
"On est au combat, c'est un combat sur plusieurs fronts. Vous ajoutez aussi la crise alimentaire, car la Chine et la Russie c'est 30% des exportations de commandes de blé, et ça va avoir des répercussions, et ça commence à avoir des répercussions notamment en Afrique en Nord", a ajouté Thierry Breton.
"Il faut être extrêmement attentif, ça veut donc dire qu'il va falloir continuer à être assez accommodant en matière de politique monétaire parce qu'il va falloir accompagner les secteurs atteints. [...] Il vaut mieux faire en sorte que (les) taux (directeurs, NDLR) ne montent pas trop", car "on va continuer à avoir une inflation très importante en 2022", a-t-il noté.
Concernant la demande d'aide de la Russie à la Chine dans le conflit avec l'Ukraine -selon les affirmations de la presse américaine, mais démentie par Pékin -, M. Breton a estimé que la Chine, "par rapport à sa position géographique et sa position économique, joue un rôle, c'est incontestable, dans cette affaire".
"Il est évident qu'aujourd'hui, ayant décidé ce qu'il a décidé, Vladimir Poutine se jette quelque part dans les bras de la Chine, puisqu'on va lui couper ses exportations très significativement, (...) il va être de plus en plus dépendant de la Chine", selon lui.