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Décryptage - Devez-vous craindre les dangers de la foudre? Voici quelques réflexes à adopter

S'il est difficile d'obtenir des statistiques exactes, on estime que chaque année la foudre est à l'origine de plusieurs milliers de décès dans le monde. Si ces accidents restent rares, ils n'en demeurent pas moins extrêmement dangereux pour l'homme. Quels sont les comportements à adopter pour se protéger ?

Un nouveau drame s'est produit dans le Nord de la France, ce jeudi 23 mai. L'entraîneur du club amateur AS Courrières a été tué, frappé subitement par la foudre, alors qu'il rentrait au vestiaire pour se mettre à l'abri. Deux autres personnes ont par ailleurs été blessées, dont l'une grièvement. En France, la foudre frappe chaque année une centaine de personnes et environ 20 000 têtes de bétail. En Belgique, on estime que ce sont 30 personnes qui sont foudroyées chaque année, avec des conséquences parfois très sérieuses. Il faut dire que l'intensité d'un foudroiement est considérable, pouvant atteindre 30.000 ampères et plusieurs millions de volts. 

Se mettre à l'abri le plus rapidement possible

"Le premier réflexe à avoir, c'est s'informer de la météo. Que ce soit à l'aide d'applications météo, ou via la télévision et la radio qui vont lancer des alertes sur les orages" explique Sébastian Doutreloup, chercheur en climatologie à l'Université de Liège. Dès lors, comment reconnaître un orage à proximité ? "C'est le cumulo-nimbus, soit le nuage associé à l'orage. C'est un nuage en forme de chou-fleur qui bourgeonne énormément et qui monte très haut en altitude, où il va s'étaler pour former une enclume. Dès que les gens voient des enclumes à l'horizon, ils savent que c'est un orage et doivent commencer à trouver un abri s'ils se dirigent dans leur direction."

Les rafales de vent suivies de précipitations soudaines surviennent généralement au passage d'un cumulo-nimbus, et donc potentiellement d'un orage. "Dès qu'il y a de l'orage, il faut rester en intérieur, dans un lieu clos, pour se protéger de la pluie, mais aussi des éclairs. Que ce soit une maison, mais aussi une voiture qui va faire office de cage de Faraday. Autrement dit, comme la voiture, est isolée électriquement du sol grâce à ses pneus en caoutchouc, vous ne serez pas du tout atteint par la foudre. Comme il n'y a pas de transmission entre la voiture et le sol, il ne va rien se passer du tout."

On ne le dira jamais assez, mais il est extrêmement déconseillé de s'abriter en dessous d'un arbre en cas d'orage. "Ils agissent comme des paratonnerres et sont régulièrement frappé par la foudre. C'est donc une très mauvaise idée. Si vraiment, on est dans un milieu ouvert, comme au milieu des champs, il faut s'accroupir ou rester assis et attendre la fin de l'orage. De façon générale, en temps d'orage, il faut éviter de se retrouver à faire son footing au milieu des champs ou d'une route."

Le risque d'être frappé par la foudre varie aussi en fonction de l'environnement, selon qu'il soit urbain ou rural. "Les villes protègent beaucoup plus, car il y a des immeubles tout autour qui sont plus haut que les habitants. Et donc ce sont d'abord les immeubles, les antennes, et les églises qui vont attirer la foudre. Alors qu'en pleine campagne, le risque est quand même plus élevé, étant donné la plus faible densité d'habitation."

De manière générale, tous les bâtiments pointus risquent d'attirer la foudre, comme un clocher d'église ou une antenne GSM par exemple. Voire même une maison isolée qui se trouverait sur un promontoire rocheux. "L'éclair est un peu fainéant, il veut rejoindre le plus vite possible la terre en empruntant le chemin le plus court. Il passe donc par tout ce qui est haut en altitude. Alors si c'est dans un champ isolé de tout, ce sera peut-être un être humain" explique-t-il. "Même si la foudre ne tombe pas sur vous, elle peut tout de même représenter un réel danger. Quand il y a de grosses différences de potentiel électrique entre le nuage et le sol, il peut y avoir des ramifications électriques qui partent sur les côtés de l'éclair principal. Ce qui peut donc s'avérer dangereux pour les personnes à proximité".

Le foudroiement ne tue pas forcément

Les lésions provoquées par la foudre varient selon l'intensité de la décharge et de la durée d'exposition. Selon le manuel de médecine MSD, le foudroiement peut entraîner une perte de connaissance, des déficits neurologiques transitoires ou permanent, ou plus rarement, des brûlures grave et des lésions internes. Des séquelles auditives et oculaires s'observent régulièrement.

Dans les cas les plus graves, la foudre peut aussi provoquer un arrêt cardiaque, et donc la mort."Si on compare la foudre avec du courant électrique qui traverse le corps, c'est la même chose. Si vous êtes en lévitation et que vous touchez un câble électrique, vous ne serez pas électrocuté car l'air ne véhicule pas l'électricité" indique Philippe Boxho, médecin légiste. "Par contre si vous touchez le sol, il y aura une différence de potentiel entre le sol et le courant électrique, et vous allez servir de relais entre les deux. Le voltage du courant électrique se répand alors à travers le corps, via les vaisseaux sanguins ou les nerfs, pour finalement toucher le cœur. Et en touchant le cœur avec un certain ampérage, il le désamorce et l'arrête. Et à ce moment-là, on meurt. Le courant va traverser le corps humain, de la source jusqu'à l'endroit où il est en contact avec une autre structure."

Quid du changement climatique ?

Dès lors, le changement climatique va-t-il augmenter le nombre d'orage et, par extension, le risque d'être foudroyé ? Une question à laquelle il est difficile de répondre de façon tranchée pour Sébastien Doutreloup. "Pour le moment, on ne sait pas encore très bien comment le réchauffement climatique agit sur les orages. A priori, le réchauffement augmente l'énergie qu'il y a dans l'atmosphère, et donc la probabilité d'avoir plus d'orages. Car s'il fait plus chaud, l'air monte et crée les orages. Sauf que le réchauffement climatique réchauffe aussi fortement la haute atmosphère, ce qui annihile les orages. Si on prend l'exemple d'une montgolfière, celle-ci s'élève dans le ciel car l'air autour du ballon est plus froid, mais si l'air autour du ballon devient plus chaud, la montgolfière va redescendre. C'est pareil dans le cumulo-nimbus, s'il arrive dans de l'air plus chaud, il va descendre et s'atténuer et disparaître" explique le climatologue qui admet que les modèles sont pas "encore super clair à ce niveau-là.

Difficile donc de savoir si la fréquence des orages sera plus élevée à l'avenir, tout comme le risque d'être frappé par la foudre. 

 

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