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"Ils veulent moins de médecins pour une plus grande population?": l'attribution des numéros Inami pose toujours autant de problèmes

La question des numéros Inami est toujours délicate lorsqu’elle est abordée. Via le bouton orange Alertez-nous, Nicolas, étudiant en médecine, a décidé de faire part de son inquiétude à la lecture d’un article de projet de loi qui prévoit que le numéro Inami pourrait ne plus être automatiquement attribué aux jeunes diplômés en médecine et dentisterie. Pour rappel, ce numéro est délivré individuellement à chaque médecin par l’Institut national d’Assurance maladie-invalidité et demeure indispensable pour les médecins afin que les patients puissent se faire rembourser par leur mutuelle les consultations et les prescriptions de médicaments.

L’article 87 de ce projet de loi (page 687) prévoit en effet la possibilité de ne plus attribuer automatiquement un numéro Inami pour les médecins et dentistes diplômés. Ce qui vise à instaurer une maîtrise plus stricte du respect des quotas Inami par le fédéral. 

Il y a quelques mois, le ministre de la Santé Publique Frank Vandenbroucke avait posé un ultimatum à la Fédération Wallonie-Bruxelles : une solution devait être trouvée entre le fédéral et la communauté au sujet du constant dépassement annuel des quotas Inami octroyés par la FWB, sinon il imposerait un "mécanisme de responsabilisation" fédéral. Le quota 2021 exigeait un nombre maximal de 492 côté francophone. Or, un surnombre de diplômés est estimé à 357 personnes en FWB.

Il n'y a pas assez de médecins, selon un collectif

Ce dépassement est nécessaire, selon les médecins. Dans une lettre ouverte d'un collectif d’associations représentatives et de syndicats publiée récemment par nos confrères du Soir, les signataires dénoncent "une volonté budgétaire de réduire le nombre de médecins via l'instauration de nouveaux filtres d'accès aux études (qui) a pour objectif illusoire et inadéquat la réduction des dépenses de sécurité sociale, mais elle ne correspond en rien aux besoin des citoyens."

Ils veulent former moins de médecins pour une plus grande population ?

Pour Nicolas, qui nous a contactés, "la situation me semble réellement problématique car nous sommes dans une crise provoquée par un manque d'allocations de moyens vers les soignants par le politique. Ils veulent former moins de médecins pour une plus grande population ?"

"Le ministre de la Santé a décidé qu’il était de bon ton de diminuer encore le nombre de médecins qui pourront exercer en pleine pandémie et ce, après nous avoir promis trois ans plus tôt que cette question ne serait plus remise sur le tapis grâce à l’examen d’entrée en médecine", se désole également une autre étudiante en médecine qui nous a également contactés. 

"Inacceptable" pour Catherine Fonck

Au sein du gouvernement fédéral, ce projet de loi voté en première lecture fait également débat. Le dialogue entre le fédéral et les communautés n'a pas décollé et le premier cité a donc décidé d’avancer de son côté sur la question. Catherine Fonck, députée fédérale (cdH), juge ce texte "inacceptable et indécent" et s’était étonnée en début de mois que les autres partis n’avaient pas encore réagi. Elle avait également déclaré vouloir "poursuivre le combat car si ce texte passe, l’Inami aurait le pouvoir, seul, de bloquer les diplômés."

La ministre de l’Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, Valérie Glatigny, s’est exprimée également, et a défini cette mesure comme un "instrument visant à prendre la maîtrise des quotas, forçant de facto les communautés à élaborer un filtre plus efficace, et ceci sans aucune contrepartie." Si les communautés sont bien maîtresses à bord lorsqu’il s’agit de répartir les numéros Inami, c’est le fédéral qui se charge d’établir les quotas.

Le projet de loi, qui devait normalement faire l'objet d'un vote à la Chambre cette semaine, a finalement été renvoyé devant le Conseil d'Etat, l'opposition ayant finalement obtenu son renvoi en séance plénière.

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