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"J'ai le contrôle quand je suis chez moi": comme ce témoin, certains Wallons souffrent du "syndrome de la cabane", de quoi s'agit-il?

Les Wallons auraient bien plus peur du virus que les Flamands. Par exemple, au nord du pays, presque tous les enfants retournent à l'école tandis que chez nous, beaucoup restent volontairement à la maison. Certains Wallons souffrent du "syndrome de la cabane". Ils redoutent tout contact avec l'extérieur et préfère rester confinés.

Sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, une Wallonne a souhaité témoigner anonymement de son état psychologique durant le confinement. Elle explique: "Je suis en sécurité chez moi, ça ne dépend que de moi, j'ai le contrôle quand je suis chez moi. Et quand je sors, je perds le contrôle". Une situation qui n'est pas inédite selon Mandy Rossignol, professeure et docteure en psychologie à l'UMons. "Une étude des collègues de l'UCL a montré qu'environ 50% des personnes se plaignaient de difficultés psychologues pendant le confinement. À la suite de ce confinement, on peut aussi imaginer que de nombreuses personnes ont peur de revenir à la situation d'avant. Ces peurs sont justifiées puisque la pandémie continue à exister, le virus est toujours présent dehors. Ce qui s'est passé quand on nous a demandé de nous confiner, c'est qu'on a construit une sorte de bulle de sécurité chez nous. Ce besoin de sécurité est très connu des psychologues, il relève de ce qu'on appelle la pyramide de Maslow, les besoins élémentaires qui doivent être résolus chez l'être humain. En nous permettant d'être chez nous, on a pu répondre à ce besoin de sécurité et construire notre bulle. Le fait de sortir de chez soi correspond à une rupture de ce sentiment de sécurité."

"Un cercle vicieux où l'anxiété se nourrit elle-même"

Le témoin explique également qu'elle fait preuve d'une extrême vigilance, notamment envers les jeunes filles qui viennent s'occuper de ses chevaux de temps à autre. Malgré que celles-ci se désinfectent les mains en arrivant et gardent leur distance, elle préfère ne pas sortir de chez elle… et culpabilise de faire autant attention. Mandy Rossignol explique ce schéma de cette façon: "Quand on est dans un contexte d'insécurité, comme cette épidémie, on a eu une émotion de peur très importante. La peur va provoquer tout un afflux d'hormones de stress chez nous et augmenter le stress et l'hyper-vigilance. L'hyper-vigilance, ça nous rend particulièrement attentif à la présence de n'importe quel danger dans l'environnement. Parfois trop. Et en même temps, on a conscience qu'on peut trop l'être. Quand c'est le cas, on le ressent et ça conduit à une forme de culpabilité et un cercle vicieux où l'anxiété se nourrit elle-même et nourrit la peur".

Ne pas rentrer dans une psychose

La confiance envers les décisions prises par le gouvernement peut aussi jouer un rôle sur cette peur. "Si les personnes pensent que les décisions de déconfiner qui sont prises sont avant tout économiques et pas liées à la santé des gens, ils vont avoir l'impression d'être manipulés et s'opposer à cette forme de manipulation qu'ils perçoivent. La confiance est vraiment quelque chose d'important pour tolérer une difficulté, une incertitude."

Pour Yves Van Laethem, infectiologue au CHU Saint-Pierre et porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus, il est important de ne pas rentrer dans une "psychose" face à la maladie. "Il faut rappeler que cette pathologie, pour la majorité des gens, est une pathologie bénigne. On n'est pas devant un Ebola. Je pense qu'il faut resituer les choses, particulièrement pour les gens jeunes, jusqu'à 45 ans. À 45 ans, on est encore jeune par rapport au coronavirus. Dans la majorité des cas, on a une pathologie qui est extrêmement bénigne et donc il ne faut pas rentrer dans une psychose d'un virus qui tue tout le monde dès qu'on l'aperçoit."

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