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La grève fait déborder les poubelles à Paris et Marseille

Poubelles qui débordent, détritus et cartons entassés sur les trottoirs, odeurs nauséabondes: les conséquences de la grève des éboueurs et agents chargés du traitement des déchets contre la réforme des retraites étaient visibles lundi à Paris et Marseille, malgré les réquisitions et la mise en place d'un service minimum.

"On garde une partie de nos déchets au sous-sol parce que ça déborde déjà dehors. Il ne faut pas que la grève continue plus longtemps, sinon ça va être compliqué", commente Léon Castro, employé dans un restaurant du IXe arrondissement parisien.

"En plus avec les odeurs !", ajoutent Laurent Zhang, restaurateur lui aussi, qui se bat avec les poubelles "devant la porte" de son établissement, et Philippe, qui a plus affaire aux "rats et souris", attirés par les déchets alimentaires.

IXe, VIe, Ve, XIII, XIVe, XVIe, XVIIe arrondissements...: un peu partout dans la capitale, les bacs débordent et des sacs poubelles et cartons s'empilent sur les trottoirs où des détritus s'étalent à même le sol, a constaté un journaliste de l'AFP.

A Marseille, 3.000 tonnes de déchets se sont aussi accumulés dans les rues, selon les services de la métropole, "ce qui correspond au surplus qui n'a pas pu être absorbé à cause de la grève". La métropole, qui souligne que "seule Marseille est impactée et pas le reste du territoire", dit être "dans un rapport de force" avec "25 grévistes qui bloquent depuis 10 jours les centres de tri", soit 0,98% des effectifs.

Vendredi, le tribunal administratif a rejeté une requête de la CGT des agents de la métropole qui contestaient la mise en place d'un service de collecte partiel et minimum. Il a néanmoins été mis en place avec des prestataires de service privés. La ville a également déposé des bennes fixes "pour inciter les gens au civisme".

En Ile-de-France, les éboueurs et agents publics chargés du ramassage et du traitement des ordures ménagères sont en grève depuis dix jours et six des sept fours qui permettent habituellement de brûler les déchets sont à l'arrêt, selon le Syctom, qui gère ceux de six millions de Franciliens. Seul celui de Saint-Ouen fonctionne au ralenti, traitant environ 500 tonnes chaque jour, a précisé l'organisme.

- Enfouissement -

Le préfet de police a réquisitionné à sa demande des personnels dans les unités d'incinération, qui emploient entre 300 et 350 personnes au total, pour "permettre le retour à un fonctionnement minimal", a ajouté le Syctom, qui reconnaît que la situation devient critique.

La CGT Energie a voté jeudi dernier l'arrêt des trois unités d'incinérations de Saint-Ouen, Issy-Les-Moulineaux et Ivry-sur-Seine, qui traitent 6.000 tonnes de déchets par jour. Lundi, "66%" des employés du site d'Ivry, étaient en grève et des assemblées générales du personnel devaient se tenir partout dans l'après-midi pour voter son éventuelle reconduction, selon Julien Lambert, de la fédération CGT Mines et Energie.

"Pendant la première semaine on a réorganisé la circulation des camions, réorientés vers une quinzaine de centres publics ou privés pour enfouir les déchets, notamment en Seine-et-Marne et dans le Val d'Oise (qui gèrent 2,3 millions de tonnes par an pour Paris et 84 communes autour, NDLR) mais depuis jeudi dernier, nous sommes confrontés à de grosses difficultés", a reconnu lundi l'organisme.

Selon M. Lambert, la grève a non seulement provoqué "l'accumulation des déchets" dans la capitale et les communes environnantes mais également entraîné "l'arrêt de la production d'énergie verte pour la compagnie parisienne de chauffage qui permet de chauffer 300.000 logements quotidiennement". La production quotidienne de "250 mégawatts d'électricité pour EDF a également cessé depuis le 5 décembre", selon la même source.

A l'instar des égoutiers, dont l'espérance de vie est réduite de 17 ans par rapport à la moyenne nationale, les éboueurs ont une espérance de vie réduite de sept ans. La réforme des retraites prévoit de supprimer la reconnaissance de la pénibilité de leurs métiers, qui leur permet actuellement de prendre leur retraite anticipée, selon Natacha Pommet, secrétaire générale de la fédération CGT des services publics.

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