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La pandémie de grippe de Hong Kong a fait un million de morts dans le monde en 1968-1969: pourquoi en a-t-on si peu parlé?

"On parle beaucoup du covid-19 mais qui se souvient de la grippe de Hong Kong été 1968 ?", nous a demandé une personne via le bouton orange Alertez-nous. Pas nous en tout cas. Et vous ? Éclairage sur cette pandémie considérée comme l'une des premières de l'ère moderne.

La pandémie de coronavirus a causé la mort d'environ 172.000 individus dans le monde à ce jour. Elle a aussi mis en confinement une grande partie de la population humaine et ralentit drastiquement l'économie mondiale. Il y a un demi-siècle, une autre pandémie, venue elle aussi de Chine et appelée grippe de Hong Kong (une souche virulente de la grippe A), a tué en 1968-1969 un million de personnes dont 50.000 en trois mois aux États-Unis (après que des soldats l'eurent ramenée de la guerre du Vietnam), 31.000 en France, peut-être 10.000 en Belgique. Selon l'épidémiologiste Antoine Flahault qui a effectué des recherches au début des années 2000 pour évaluer le bilan humain en France, "la grippe de Hongkong est entrée dans l'histoire comme la première pandémie de l'ère moderne. Celle des transports aériens rapides. La première, aussi, à avoir été surveillée par un réseau international. De fait, elle est la base de tous les travaux de modélisation visant à prédire le calendrier de la future pandémie."

Pourtant, à l'époque, cette pandémie a été loin, très loin, d'avoir le retentissement médiatique, social et économique de celle de 2019-2020. Pour quelles raisons ?

Bien entendu, il n'y avait à l'époque ni réseaux sociaux ni statistiques immédiates pour faire vivre en direct, avec l'effet anxiogène qui l'accompagne, la propagation de la maladie.

L'espérance de vie de l'époque (70 ans en Belgique alors qu'elle était de 81 ans en 2017), "où la mort des personnes âgées de plus de 65 ans était socialement acceptée comme naturelle" peut-on lire sur Wikipédia, peut aussi expliquer la sur-réaction actuelle par rapport à celle de 1968-1969.

Vincent Genin, chercheur en Histoire à l’école pratique des Hautes Etudes de Paris et à la KULeuven interrogé par nos confrères de la RTBF, y voit un rapport à la mort qui a fortement changé: "Il y a quelques années, la perspective de mourir d’une épidémie était certes effrayante mais pas inacceptable. Il y a eu une évolution des mentalités (...) Nous n’acceptons plus la mort et nous observons, d’ailleurs, dans nos sociétés une disparition de la mort et de sa représentation."

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