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La société est-elle de plus en plus violente? "Le respect a disparu, on a le droit de tout dire, de tout dénoncer, tout faire"

De plus en plus de professions sont exposées à de la violence. On en a parlé récemment avec les conducteurs de train et le personnel hospitalier. D'où cette question: le climat de violence augmente-t-il dans la société ? Sur le terrain la réponse est oui, mais si on prend une tendance globale, ce n'est pas si sûr.

Sur la route, dans les transports en commun, derrière un camion de poubelles, sur un quai de gare, jusqu'à tirer sur une ambulance... Ou encore tout récemment, avec certains gilets jaunes. Que les agressions soient verbales ou physiques, de nombreux professionnels se sentent de plus en plus exposés. "Je me suis déjà fait traiter de connasse", confie une vendeuse.


"Les gens ne voient plus nécessairement où est le bien et le mal"

Manuel Gonzalez, délégué CNE chez Carrefour, explique: "Il y a des caissières qu’on prend en photo, et ils disent, 'voilà, j’ai ta photo'. Je te retrouverai". Pour ce syndicaliste, quand le client paye, il se croit tout permis: "Le respect a disparu à cause de ça, on a le droit de tout dire, de tout dénoncer, tout faire".

Même constat dans la rue: ceux qui incarnent l’autorité sont souvent malmenés, les policiers sont particulièrement sous pression. "C’est un problème sociétal, où manifestement, les gens ne voient plus nécessairement où est le bien et le mal, et n’hésitent pas à franchir le pas", dit Raoul Moulin délégué CSC Police.


"Un état de tension partagé par l’ensemble de la société"

Le sentiment d’une augmentation de la violence est évident: "On a vraiment la traduction d’un malaise, d’un état de tension partagé par l’ensemble de la société, l’ensemble des tranches d’âges également. Un état de frustration, d’inégalité sociale, de précarisation des liens", explique Fabienne Glowacz, professeur de psychologie de la délinquance à l’Université de Liège, spécialisée dans les questions de délinquance chez les jeunes.


Délinquance: il y aurait une diminution de cette violence

La psychologue ne conteste pas l’augmentation chiffrée de faits subis par certaines catégories professionnelles, mais pour elle, il faut prendre du recul. "Des études en Belgique mais également des études européennes, tendent à montrer qu’il n’y a pas d’augmentation de la délinquance des jeunes, et qu’il y aurait même une diminution de cette violence. Une des explications qu’on a tendance à donner actuellement, c’est que les jeunes se trouvent moins sur l’espace public, mais davantage dans l’espace privé".

La violence se transformerait alors en cyber-violence, via des réseaux sociaux qui souvent, amplifient le ressenti.

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