Le professeur Michel Dupuis est revenu sur cette année 2020 que certains qualifient de "pire année de l’Histoire" et sur certains enseignements de notre Grand Baromètre qui parait ce jeudi sur les perspectives 2021. Il répondait aux questions de notre journaliste Antonio Solimando.
Sur les deux confinements
Michel Dupuis: "J'ai l'impression que ces 2 confinements qui ont été des catastrophes, notamment pour les entrepreneurs, j'ai l'impression que ces deux moments-là ont été des moments de test. Vous savez qu'on utilise des crash tests dans des institutions bancaires un peu comme pour vérifier que les bâtiments résistent dans les tremblements de terre et bien je pense que dans nos vies, ces deux confinements, qui représentaient la menace de la maladie et la mort et bien tout cela a été un test qui nous fait nous demander: "Mais au fond, au bout du compte: Cela sert à quoi? Qu'est-ce qui vaut la peine? C'est quoi le sens de mon travail? C'est quoi le sens des fêtes de fin d'année? Finalement, on a été obligé de se poser la question du sens de sa vie et ça, c'est pas forcément mauvais pour la santé...(...)"
L'avènement des "invisibles"
Michel Dupuis: "Ces moments de confinement ont été des moments de révélation. Vous allez me dire que ce mot est assez fort, mais je crois que cette année 2020 nous a appris à voir des gens qu'on ne voyait plus. Je pense que nous avons vu apparaître ce qu'on appelait autre fois les "invisibles". Vous savez les gens qui travaillent dans la rue, les gens qui travaillent dans la grande distribution, dans les maisons de repos et dans les hôpitaux. Tous ces gens-là dont on sait qu'ils existent et qu'ils travaillent, finalement on les a vus. Voir les invisibles, c'est quand même pas rien... J'ai entendu que dans la crèche de la cathédrale Saint-Michel et Gudule, on y a mis un nouveau personnage, le personnage d'une soignante qui vient montrer aux autres métiers de la Terre, ce qu'elle fait et ça c'est une découverte."
Sur la célébration de Noël en bulle restreinte
Michel Dupuis: "On se souvient que les êtres humains sont des animaux symboliques. Donc, ils se fixent parfois sur des choses tellement pas importantes. Qu'est ce que c'est une soirée parmi 364 autres? C'est symbolique d'une certaine liberté, joie de vivre, d'une capacité qu'on a. Or, c'est vrai qu'en 2020, nous avons réappris que nous dépendons de la nature, que notre autonomie personnelle, elle n'est rien si nous ne sommes pas en groupe, en collectif. On a appris des choses très importantes cette année?"
Grand baromètre: les Belges espèrent que 2021 sera meilleure que 2020...
Michel Dupuis: "L'année 2020 nous a appris par la souffrance. (...) Souffrir cela donne des leçons. On est très heureux quand c'est fini et qu'une année nouvelle nous laisse de nouvelles options et des possibilités, mais j'ai envie de vous dire que rien n'est gagné. Ce n'est pas du jour au lendemain que les choses vont s'arranger, nous le savons très bien. (...)
Trop d'espoirs sont-ils placés en 2021?
Michel Dupuis: "Faisons de l'investissement un peu conservateur et disons que la lumière est au bout du chemin, comme la lumière de midi est au bout de l'aube, cela ne peut pas sauter du jour au lendemain. (...) Je crains qu'on revienne à la situation d'avant. Quand tout va mal, on est prêt à beaucoup de choses. On est prêt à tout changer. On se dit que c'est fini, qu'on a bien compris la leçon et puis quelques semaines plus tard, on retombe dans les mêmes habitudes. Donc, je ne suis pas tellement optimiste pour 2021, mais plutôt que de souhaiter une bonne année, je dirais que j'espère une bonne année. 2021 sera une année du soin, du soin de soi et du soin des autres..."
