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Le conflit en Ukraine peut-il embraser la région?

Laetitia Spetschinsky, chargée de cours à l'UCLouvain et spécialiste de la Russie, a partagé son analyse sur l'évolution du conflit en Ukraine dans le RTL INFO 19H ce samedi. Elle a été interrogée par Salima Belabbas.

Salima Belabbas: Malgré sa supériorité militaire, la Russie doit faire face à une résistance ukrainienne relativement importante.

Laetitia Spetschinsky: Oui effectivement, les Ukrainiens avaient annoncé d'emblée leur volonté de résister quoi qu'il arrive. Ce qui est nouveau et ce qui a changé ces deux ou trois derniers jours, c'est l'émergence du président Zelensky comme un véritable leader, qui a montré un courage en restant et en refusant les propositions de partir, de fuir le pays, et qui mobilise et qui galvanise certainement la volonté nationale de résister.

Salima Belabbas: Que penser des menaces politiques et militaires russes à destination de la Suède et de la Finlande, si jamais elles décidaient de rejoindre l'Otan, l'alliance atlantique? Est-ce qu'elles sont crédibles?

Laetitia Spetschinsky: Toutes les menaces sont malheureusement devenues crédibles ces derniers jours. Ce qui paraissait impensable il y a encore une semaine est devenu crédible. La question qui se pose, c'est de savoir s'il faut envisager un déplacement des tensions vers le nord, vers une zone qui est extrêmement sensible, avec la région de Kaliningrad, qui est une base russe sur la baltique, la proximité de la ville de Saint-Pétersbourg, et puis surtout la proximité avec les états baltes, où on sait que beaucoup de tensions géopolitiques persistent, notamment avec certaines frontières qui restent contestées entre les Etats-Unis et la Russie.

Salima Belabbas: Justement, est-ce qu'il y a un risque d'embrasement dans la région?

Laetitia Spetschinsky: Le risque d'embrasement, comme on vient de l'évoquer, il est partout désormais. Même si on peut continuer à penser rationnellement que la guerre menée en Ukraine n'a encore qu'un seul but, ce lui de ménager une zone tampon entre l'Otan et la Russie. Mais la guerre se déplace au fur et à mesure. On a vu aujourd'hui la possibilité d'une tension plus au sud, avec la Turquie qui prend une position favorable à l'Ukraine ces dernières heures. Donc le conflit peut s'étendre, mais les réactions aussi elles s'étendent, puisque de nombreux pays s'inquiètent de la propension russe à mettre tous les voisins en difficulté.

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