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Législatives: abstention encore en hausse, mais pas de nouveau record

Comme la semaine dernière, plus d'un électeur sur deux a boudé dimanche les urnes lors du second tour des législatives marquée par une abstention encore en hausse, entre 53,5% et 54%, même si le record de 2017 (57,36%) n'est pas battu.

L'abstention atteint néanmoins son deuxième plus haut niveau pour ce scrutin, en hausse de plus d'un point par rapport au premier tour (52,49%), selon les estimations de cinq instituts de sondage.

Ipsos/Sopra Steria pour FranceTV/RadioFrance/France24/RFI/LCP, Ifop pour TF1/LCI et Elabe pour BMTV/LEXPRESS/RMC évaluent l'abstention finale à 54%, tandis OpinionWay pour CNews et Europe1 la mesure à 53,5 % et Harris interactive pour M6 et RTL à 53,9%, dans tous les cas en dessous du record pour un second tour enregistré en 2017 (57,36%).

"Il n'y a pas eu de sursaut, analyse le sondeur (Ifop) Frédéric Dabi sur LCI. Il y a pourtant eu une dramatisation de l'élection, ce match Nupes-Ensemble! dans presque 280 circonscriptions, cette implication du président de la République, tout ça n'a eu un effet que très marginal" sur le chiffre global de la participation.

- Fortes disparités -

Son collègue d'Elabe Bernard Sananès est partagé: "Ce n'est pas un bon chiffre, mais ce n'est pas un nouveau record, contrairement à 2017".

Depuis 2002 et l'inversion du calendrier qui a placé les législatives dans la foulée de la présidentielle, la règle veut que l'abstention augmente entre les deux tours, et elle s'est vérifiée une nouvelle fois dimanche, même si la hausse cette fois est bien plus limitée qu'en 2017 (plus 6 points).

"Les élections législatives vivent dans l'ombre de l'élection présidentielle, les Français se disent: mais à quoi ça rime dans un système hyper-présidentiel de nous convoquer pour une Assemblée nationale dont on ne voit pas très bien quel est son rôle, sauf à être le béni-oui-oui du président de la République", a résumé sur Europe 1 le politologue Pascal Perrineau.

Quelque 26,3 millions de Français ont donc encore choisi de ne pas choisir, mais ce ne sont pas forcément toujours les mêmes qu'au premier tour.

Car attention aux effets d'optique d'un chiffre global au niveau national qui peut masquer des écarts notables d'une circonscription à l'autre, là où chacune des 577 élections se joue, et des mouvements d'entrée ou de sortie du vote entre les deux tours.

"Le chiffre de 54% cache des disparités assez fortes, il faudra analyser les chiffres par circonscriptions", avertit sur BFMTV Bernard Sananès.

"Du fait de la tripartition Nupes/Ensemble/RN, ce à quoi on a assisté, c'est circonscription par circonscription, le retrait du jeu d'un certain nombre d'électeurs du camp qui n'était plus présent", estime le politiste Vincent Tiberj.

"Et dans une élection avec une aussi faible participation, ces effets de mobilisation différentielle ont eu un impact majeur sur le résultat", ajoute le professeur de Sciences Po Bordeaux.

- "Stratégie de diabolisation" -

"L'abstention peut en partie s'expliquer par le fait que de nombreux électeurs ne se sentent pas représentés dans les circonscriptions au second tour, et peuvent se sentir éloignés des candidats qui restent", confirme sur Twitter le sondeur Bruno Jeanbart (OpinionWay).

Pour Vincent Tiberj, "la stratégie de diabolisation de la Nupes par le président de la République et son gouvernement" a également joué un rôle en "rendant plus difficile les reports de voix d'Ensemble vers la Nupes, mais aussi de la Nupes vers Ensemble! pour faire barrage au RN".

A cette abstention politique vient s'ajouter la "traditionnelle" abstention sociologique, celle qui concerne surtout les jeunes et les classes populaires, plus éloignés de la politique.

Selon un sondage Ipsos Sopra Steria sur le profil des abstentionnistes, 71% des 18-24 ans, et 66% des 25-34 ans ont boudé dimanche les urnes, contre seulement 42% des 60-69 ans et 34% des plus de 70 ans.

Et 67% des ouvriers et 64% des employés se sont abstenus, contre 54% des cadres.

Mais attention là aussi aux généralisations hâtives. "Les bases populaires du RN, c'est des gens qui, a priori, sont plus éloignés du vote mais un certain nombre d'entre eux se sont quand même déplacés et ils ont bénéficié de l'érosion du front républicain", fait remarquer Vincent Tiberj.

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