Un pont emporté par les flots, des routes coupées et des habitants évacués: une vallée de l'arrière-pays niçois était vendredi soir frappée par de fortes pluies qui ont provoqué des crues qualifiées d'"exceptionnelles" par Météo France qui a placé le département -les Alpes-Maritimes- en vigilance rouge.
Grégory Leclerc est journaliste pour Nice Matin. Durant la nuit de vendredi à samedi, il a sillonné la région et filmé des images terrifiantes. Sur une vidéo d'une dizaine de secondes, on aperçoit une maison submergée par les eaux. "Dans cette maison de Roquebilliere, un couple de personnes âgées que nous aurons vu nous faire des signes jusqu’au bout, à l’aide d’une petite lampe. Peu après cette vidéo leur maison a été emportée avec eux dans la Vésubie en furie. Une catastrophe", témoigne-t-il.
"On n'a pas pu les sortir, c'était trop tard, la maison a été emportée d'un coup": à Roquebillière, des habitants ont également raconté à l'AFP la chute dans les eaux déchaînées de deux personnes âgées réfugiées sur le toit de leur maison inondée. La maison à un étage de ce couple, filmée par des témoins, a été totalement submergée par la Vésubie en furie vendredi soir après les pluies diluviennes de l'après-midi, jusqu'à être emportée par les eaux.
Patrick Theus, 54 ans, habitant de ce village des Alpes du Sud, aux portes du parc national du Mercantour, à une heure de Nice environ, a vu les pompiers et les gendarmes demander au couple d'octogénaires d'évacuer, "mais ils n'ont pas voulu".
C'est carrément une vague qui est arrivée
"Les pompiers n'ayant pas assez de corde longue, et même avec nos cordes à nous on ne pouvait pas arriver à la maison, donc pour les sortir c'était trop tard, puis la maison a été emportée d'un coup", a raconté le quinquagénaire.
Malgré le retour du soleil samedi, les habitants de cette commune de 1.800 habitants restaient abasourdis du drame de la veille, provoqué par une crue massive, en quelques heures, de la Vésubie.
Le cours d'eau, devenu torrent de boue, a défiguré le village médiéval entouré de montagnes, arrachant un pont métallique et emportant avec lui plusieurs maisons, une écurie, une usine EDF, et même un monument aux morts, dont il ne restait aucune trace samedi, a pu constater un journaliste de l'AFP. Une portion de route en bord de rivière est totalement détruite.
"Des crues, on en a connu, mais là c'est carrément une vague qui est arrivée", lâche M. Theus, "très vite ça a commencé à lâcher de partout, les poteaux électriques, tout...".
Des morts et de nombreux disparus
Les dégâts sont graves des deux côtés de la frontière: de nombreux villages ont été dévastés par les eaux et les glissements de terrain, des routes et des ponts ont été endommagés ou détruits, et des centaines de pompiers restaient mobilisés pour apporter de l'aide et rechercher les disparus, notamment de part et d'autre du col de Tende qui relie les Alpes ligures au département français des Alpes maritimes.
En Italie, un pompier volontaire de 53 ans est mort au cours d'une intervention dans le Val d'Aoste et un homme s'est noyé lorsque sa voiture est tombée dans la rivière Sesia. La région du Piémont a évoqué une situation "extrêmement critique".
Par ailleurs, 22 personnes - 18 Italiens et quatre Allemands - sont portées disparues au col de Tende, a indiqué la Protection civile italienne. Les Allemands sont une famille "composée de quatre personnes, deux grands-parents et deux petits-enfants", selon une porte-parole.
Selon le président de la région du Piémont, ces intempéries sont les plus graves depuis 1994, lorsque la crue du Po et du Tarano avait fait 70 morts.
En France, dans les Alpes-Maritimes, les secours ont signalé huit disparus certains, dont deux pompiers et deux personnes âgées emportées par l'effondrement de leur maison dans une rivière. On restait par ailleurs sans nouvelles de nombreuses autres personnes.
Il n'était pas possible de savoir samedi soir si certains disparus étaient comptabilisés à la fois par les secours français et les secours italiens, qui se sont coordonnés pour mener les recherches.
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