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Limiter l'indexation des loyers à 2%? "Cette mesure n’est pas adaptée aux réalités que nous connaissons"

Le PS veut limiter l’indexation des loyers à 2% pour aider les locataires qui doivent face à l’augmentation du coût de la vie. La proposition a été mise sur la table du gouvernement bruxellois et fait bondir les membres de DéFI. Le ministre bruxellois de l'Emploi a réagi, sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, estimant que cette mesure est inadaptée aux réalités actuelles. Le syndicat national des propriétaires et copropriétaires n’y est pas non plus favorable.

En Belgique, la majorité des Belges est propriétaire de son logement, on parle de presque trois quarts des Flamands et deux tiers des Wallons. Mais à Bruxelles, la situation est un peu différente : 60% des citoyens sont locataires. Certains doivent donc faire face à l’indexation de leur loyer. Une inflation de 8 à 9% sur base annuelle.

De plus en plus de Belges avouent avoir du mal à joindre les deux bouts. Ils disent devoir se priver pour payer leur loyer. Face à ces constats, le Parti socialiste a mis sur la table du gouvernement bruxellois une proposition : limiter à 2% l’indexation. "Nous avons regardé au cours des 20 dernières années l’indexation moyenne, donc l’évolution habituelle du marché locatif, c’est 2%. Nous voulons donc limiter cette indexation à l’évolution normale, car aujourd’hui c’est une évolution anormale", se justifie Martin Casier, député bruxellois PS, sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche.

Je m’étonne que le PS veuille y toucher

Une proposition que ne comprend pas du tout Bernard Clerfayt, ministre bruxellois de l’Emploi (DéFI). "En Belgique, nous avons une protection contre l’inflation : c’est l’indexation automatique des revenus, des salaires, des allocations sociales, des pensions, etc. (…) L’indexation protège tous les revenus donc il n’y a pas de raison de commencer à y toucher. Je m’étonne que le PS veuille y toucher", déclare-t-il, qualifiant presque cette mesure de "communiste".

Selon lui, limiter l’indexation à 2% poserait problème pour une partie des locataires : "Les plus précaires, qui ont plus de mal que d’autres (…) Il n’y a pas de raison de limiter l’indexation pour les personnes plus aisées, cela n’a pas beaucoup de sens. Par contre, il faut aider les locataires plus précaires avec des mécanismes spécifiques", estime Bernard Clerfayt.

Et de poursuivre : "Le blocage des loyers aura un effet inégal sur l’ensemble des locataires. Celui qui a un grand loyer aura un grand bénéfice, et celui qui a un petit loyer aura un petit bénéfice. Cette mesure n’est pas adaptée aux réalités que nous connaissons."

Martin Casier rappelle qu’il ne s’agit pas de "blocage" des loyers. "Nous disons que le marché subit une évolution qui n’est pas normale, nous voulons protéger les locataires de cette indexation anormale." Mais le ministre bruxellois de l’Emploi répond que "chaque fois qu’on a limité ou bloqué les loyers, ça a peut-être un effet bénéfique à court terme, mais à moyen terme, ça détruit la création de logement supplémentaire, la rénovation des logements et ce sont les locataires les plus précaires qui en seront victimes car il y a une raréfaction des logements", insiste Bernard Clerfayt.

Le Syndicat des propriétaires défavorable à cette mesure

Un avis défavorable que partage également le président de la section Région wallonne du Syndicat national des Propriétaires et Copropriétaires. "Il faut garder en mémoire que le bail, c’est un équilibre entre les intérêts des bailleurs et des locataires. L’indexation possible – et pas automatique – des loyers est une de mesures justifiées par les travaux parlementaires pour dire que cela contribue à cet équilibre entre les deux", note Gilles Rigotti.

Selon lui, limiter à 2% l’indexation des loyers viendrait "mettre à mal très fort" cet équilibre entre les intérêts des deux parties. "C’est déjà ce qu’avait pointé, à l’époque, la Cour constitutionnelle par rapport au saut d’index", rappelle-t-il, précisant que l’indice Abex augmente aussi, que les impôts seront indexés et donc que cela aura "un impact énorme" sur le propriétaire du bien.

Si vous vous trouvez en difficulté pour payer votre loyer, le mieux à faire, estime-t-il, est donc de discuter avec votre propriétaire pour essayer de s’entendre sur l’indexation. "Parfois, on estime qu’on peut s’arranger", conclut-il.

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