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La Maestra, le concours qui veut sortir les cheffes d'orchestre "de l'ombre"

Sortir "de l'ombre" les cheffes d'orchestre: le concours La Maestra, qui vient de couronner l'Israélienne Bar Avni pour sa troisième édition, ambitionne de féminiser les pupitres, dans un univers encore loin de la parité.

Au-delà du talent et du travail des lauréates, cette compétition "est là pour aider ces jeunes femmes, si elles le méritent bien sûr, à pouvoir sortir de l'ombre et avoir une chance de montrer ce qu'elles savent faire", a expliqué Nathalie Stuztmann, directrice musicale de l'Atlanta Symphony Orchestra et présidente du jury, qui fait figure de pionnière dans la profession.

Cette année, 200 candidates -- pour 14 lauréates -- venues de 12 pays avaient été retenues pour passer les dernières épreuves, terminées dimanche. Bar Avni, 34 ans, a gagné le premier prix, devant la Russe Liubov Nosova et l'Allemande Katharina Morin.

"Je n'ai pas encore réalisé, mais je suis très heureuse et très honorée", a confié à l'AFP la musicienne, actuellement à la tête de la Bayer Philharmoniker Leverkusen en Allemagne, après sa victoire à la Philharmonie de Paris.

"Elle a une très bonne technique et a démontré maturité et savoir-faire dans l'exécution, dans la manière de communiquer ce qu'elle souhaitait obtenir à l'orchestre", a décrit Mme Stutzmann. "De par sa confiance en elle, l'orchestre se sentait en sécurité".

Un avis partagé par Claire Gibault, co-fondatrice et co-directrice de "La Maestra" et cheffe du Paris Mozart Orchestra, qui loue l'"expression corporelle formidable" de Bar Avni, sa "profondeur", son "expérience" et son "rayonnement personnel dramatique".

- "Bastion des hommes pendant longtemps" -

Cette mise en lumière particulière de cheffes d'orchestre est "hélas encore nécessaire pour réparer les retards" dans le chemin vers la parité, constate Nathalie Stuztmann, qui ajoute tout de même que "c'est en train de changer".

"C'est un métier qui est resté le bastion des hommes pendant extrêmement longtemps", poursuit la Française, seule directrice musicale aux Etats-Unis, qui a "hâte d'arriver aux années où ce concours spécifique ne sera plus nécessaire".

Selon Claire Gibault, aujourd'hui, seulement "10% de femmes sont programmées dans les orchestres permanents européens, contre 4% en 2018. Ce n'est pas suffisant", déplore-t-elle, soulignant qu'il faut "du temps, pour que les femmes se sentent légitimes, accompagnées, reconnues".

Concrètement, pendant deux ans, La Maestra offre aux lauréates et demi-finalistes un programme d'accompagnement sur le plan international, et sur mesure: des concerts, bien sûr, mais aussi des sessions de mentoring et de coaching, des masterclasses, des rencontres professionnelles, des projets éducatifs...

Bar Avni, qui avait remporté en 2018 le Prix de l'orchestre du Concours de direction d'orchestre Fiterlberg et vit désormais en Allemagne, y voit une aide afin de "savoir prendre les bonnes décisions, pour (s)'améliorer dans (sa) voie professionnelle".

Une nouvelle étape pour celle qui a d'abord appris les percussions à Tel Aviv à partir de 9 ans et s'est produite, dans une première carrière, en tant que percussionniste classique, avant de voir son rêve de devenir cheffe d'orchestre prendre forme en 2016, après la poursuite d'études dans ce domaine et la rencontre avec plusieurs maestro, tels l'Israélien Yoav Talmi, l'Autrichien Martin Sieghart ou l'Allemand Ulrich Windfuhr.

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