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Le numéro un mondial des plateformes audio, Spotify, a annoncé lundi la suppression de 6% de ses effectifs, soit près de 600 postes, dernier épisode d'une série de grands licenciements chez les géants du Net pour réduire leurs coûts.
Le plan de licenciement est le plus gros de la jeune histoire du fleuron suédois au demi-milliard d'utilisateurs, start-up fondée en 2006 à Stockholm et devenu un des rares grands noms européens de la tech.
Dans un message destiné aux employés et publié en ligne, son patron de 39 ans, Daniel Ek, a reconnu "un changement de culture" après des années de priorité à la croissance avant les profits.
"Avec le recul, j'ai été trop ambitieux en investissant plus vite que notre croissance de chiffre d'affaires", a reconnu le directeur général et cofondateur de Spotify.
"Pour cette raison, nous réduisons nos effectifs d'environ 6% à travers le groupe", explique le patron du groupe coté à New York.
Des entretiens individuels vont avoir lieu avec les employés concernés ce lundi, a-t-il précisé. Le plan social devrait coûter 35 à 45 millions de compensations.
A l'ouverture de la Bourse de New York, l'action du groupe, à la peine ces derniers temps, gagnait 4,6% à 97,91 dollars.
Si Spotify a été ponctuellement rentable, le groupe basé à Stockholm accuse régulièrement des pertes depuis plusieurs années, malgré une croissance fulgurante du nombre de ses abonnés et une avance sur ses concurrents comme Apple Music ou Amazon Music.
Au troisième trimestre, le groupe, qui doit publier ses résultats annuels mardi prochain, a creusé sa perte nette, à 166 millions d'euros.
"Comme vous le savez, nous avons fait un effort considérable ces derniers mois pour réduire nos coûts, mais ça n'a tout simplement pas été suffisant", a justifié Daniel Ek lundi.
Selon le milliardaire scandinave, les investissements de Spotify ont ainsi augmenté deux fois plus vite que ses revenus l'an passé.
- "Intenable" -
"Cela serait intenable à long terme dans n'importe quel contexte, mais dans un environnement macroéconomique difficile, il sera encore plus difficile de boucher le trou", souligne-t-il.
Spotify a également investi plus d'un milliard d'euros dans le podcast ces dernières années, devenant là aussi numéro un mondial. Mais le retour financier reste encore à démontrer selon des analystes.
Le développement du podcast lui a aussi valu des controverses, notamment avec la star américaine Joe Rogan accusé de répandre de la désinformation dans ses émissions.
La plateforme, qui mélange un modèle d'abonnement et un modèle gratuit utilisant la publicité, comptait fin septembre 456 millions d'utilisateurs au total, dont 195 millions d'abonnés payants.
Elle prévoyait d'atteindre 479 millions d'utilisateurs actifs mensuels fin 2022, dont 202 millions d'abonnés payants. Le groupe vise le milliard d'utilisateurs en 2030.
Son chiffre d'affaires annuel avait atteint 9,6 milliards d'euros en 2021 - dont la majeure partie grâce aux abonnés payants - tandis que le nombre d'employés avait lui triplé en cinq ans pour atteindre 9.800 fin septembre.
L'annonce du groupe suédois suit une série de plans de licenciements chez les géants mondiaux du net ces dernières semaines, même si ses effectifs sont bien moins importants.
Après des licenciements chez Amazon, Meta et Microsoft, Google a à son tour annoncé samedi 12.000 suppressions de postes dans le monde, soit un peu plus de 6% de ses effectifs. Microsoft avait lui annoncé mercredi 10.000 licenciements d'ici fin mars.