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Le procès de deux dentistes accusés de s'être enrichis sur le dos de la Sécurité sociale en pratiquant des opérations injustifiées et bâclées s'est ouvert lundi à Marseille, en présence de 322 anciens patients, mutilés à vie pour certains.
Lionel Guedj, 41 ans, et son père Carnot Guedj, 70 ans, qui comparaissent libre, ont pris place sur le banc des prévenus dans une salle de 400 places spécialement aménagée dans une ancienne caserne.
Poursuivis, ainsi que leurs sociétés en tant que personnes morales, pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" et "escroquerie", ils encourent 10 ans d'emprisonnement et quelque 2 millions d'euros d'amende. L'ordre des médecins les a déjà radiés.
Face à eux, 322 victimes, qui attendent depuis dix ans de raconter leurs souffrances et obtenir réparation.
"Ils attendent une vérité judiciaire reconnaissant la culpabilité du tandem Guedj, ce serait pour eux un début de reconnaissance", a indiqué à l'AFP Marc Ceccaldi, l'un de leurs avocats, évoquant "un système de prédation de patients" dont Lionel Guedj était "la figure de prou avec sa séduction, sa démarche commerciale et la mise en confiance" de ses victimes.
Abcès, aphtes, kystes, douleurs, infections à répétition, bouche noire, mauvaise haleine, prothèses qui ne tiennent pas: des années après les faits, beaucoup subissent encore les conséquences d'opérations pratiquées à la chaîne, sans respect des règles de base.
"La première consultation se soldait systématiquement par un programme massif de travaux impliquant de dévitaliser et couronner un maximum de dents", selon un rapport établissant que Lionel Guedj facturait 28 fois plus de couronnes que la moyenne de ses confrères.
Implanté en 2005 dans un quartier populaire de Marseille, le cabinet Guedj avait une patientèle pour moitié à la CMU et à 99% au tiers payant. Lionel Guedj leur promettait "un sourire de star".
Toujours disponible sans rendez-vous, il recevait jusqu'à 70 patients par jour, auxquels il consacrait à peine un quart d'heure en moyenne, selon une expertise de la Caisse primaire d'assurance maladie des Bouches-du-Rhône. Cinquante-sept heures par jour auraient été nécessaires pour de tels actes.
Devenu en 2010 le dentiste le mieux rémunéré de France, il roulait en Ferrari, s'octroyait entre 65.000 et 80.000 euros de revenus mensuels et avait accumulé un patrimoine de 13 millions d'euros.
"Mon client est ravi de pouvoir enfin s'expliquer et de démontrer que toutes ses actions ont été guidées par des considérations médicales, pas par l'appât du gain", a indiqué à l'AFP son avocat, Me Frédéric Monneret.
Le procès est prévu jusqu'au 8 avril