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Gironde: patrouilles sur le banc d'Arguin, réserve devenue "parking à bateaux"

Le bateau vrombit, tout proche des baigneurs. Aussitôt, les gendarmes de la brigade nautique d'Arcachon interviennent pour interrompre ce rodéo marin, l'une des nombreuses nuisances perturbant les eaux claires du banc d'Arguin (Gironde), réserve naturelle qui tourne au "parking à bateaux" l'été.

Face aux quatre jeunes plaisanciers coupables d'avoir viré trop près du banc de sable et à une vitesse proche de 20 noeuds (37 km/h) dans une zone protégée limitée à cinq noeuds, les trois militaires font preuve de pédagogie.

"Vous arrivez +comme une balle+ du large, vous ne vous posez même pas la question de ralentir", sermonne l'adjudant Thierry Aubouin.

Le contrôle permet de vérifier la documentation du luxueux bateau à moteur, ses équipements de sécurité (extincteur, gilets de sauvetage, torche lumineuse...) et de sensibiliser les plaisanciers au danger numéro un dans ce bras de mer très touristique, enserré entre la dune du Pilat et le banc d'Arguin: la vitesse excessive.

"On fait de la prévention, on n'est pas là pour +assassiner+ les gens" avec des contraventions, explique à l'AFP l'adjudant Maxime Priat, embarqué à bord du Pherousa, la vedette de la gendarmerie.

Verbalisé, Paul, 22 ans, "assume (s)a bêtise, tout simplement", qui devrait entraîner une suspension de son permis bateau pendant quelques semaines.

- "Nuisances" -

En ce début du mois d'août, quelque 300 embarcations sont massées sur le banc d'Arguin, langue de sable longue de quatre kilomètres à l'entrée du Bassin d'Arcachon, l'une des zones les plus prisées de la côte atlantique.

Et les gendarmes, qui patrouillent quotidiennement, font face à la surfréquentation du site, avec en moyenne 100 infractions par mois l'été.

"Tout le monde veut sa part du gâteau de ce site magnifique: les plaisanciers, les professionnels des transports de passagers, les pêcheurs, les ostréiculteurs...", détaille le major Jérôme Goussard, commandant de la brigade nautique.

Conservateur de la réserve naturelle nationale du banc d'Arguin, Benoît Dumeau défend la "singularité de ce territoire", "refuge" pour de nombreuses espèces d'oiseaux (goélands, sternes, bécasseaux, huîtriers pies) et de poissons.

"La réserve prend parfois des tournures de parking à bateau et ça crée des nuisances", déplore ce responsable de la Sepanso, fédération d'associations environnementales, qui juge la zone "victime de son succès".

"Quand les gendarmes sont là pour faire ralentir tout le monde, on souffle un peu parce que leur présence fait du bien", observe-t-il.

- "Un petit peu vite" -

Fin juillet, l'État a organisé une opération coup de poing de contrôles sur la zone, relevant une trentaine d'infractions, dont un excès de vitesse allant jusqu'à 30 noeuds (55 km/h). La gendarmerie confirme une "augmentation des infractions et incivilités" ces dernières années, notamment de la part d'utilisateurs de scooters des mers.

Autour du Pherousa, un gendarme patrouille lui-même sur un jet-ski et, tel un chien de berger, rattrape et rabat les embarcations qui outrepasseraient la vitesse autorisée, comme le jet-ski de Michel Moreno, 47 ans, sorti pêcher avec quelques amis.

Contrôlé, ce dernier reconnaît les faits: "On est un peu trop près des côtes, on allait un petit peu vite... Le contrôle est normal, pas de souci", concède ce couvreur bordelais, soulignant l'importance de "protéger l'endroit" face au risque "d'accident".

Faute de torche fonctionnelle et de documentation papier, ce contrevenant a cinq jours pour se mettre en règle, sous peine de sanction par le tribunal maritime.

Les 10 personnels de la brigade nautique se relaient sur le jet-ski, dont la pratique est "épuisante".

"On partage le plaisir... et les courbatures", sourit l'adjudant Priat, membre d'une unité multitâches: spécialistes de la plongée sous-marine, ces gendarmes sont régulièrement mobilisés dans le cadre d'enquêtes judiciaires en Nouvelle-Aquitaine, pour la recherche de corps ou de véhicules immergés.

Et, l'an dernier, ils étaient au soutien des pompiers face au gigantesque incendie qui ravageait les forêts de la Teste-de-Buch, tout près de la côte.

"On était aux premières loges et les Canadair venaient écoper entre le banc d'Arguin et la dune du Pilat", se souvient Maxime Priat. "On a dû sécuriser la zone pour éviter un sur-accident."

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