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Pour les Russes, la route des JO-2024 s'annonce incertaine

Y aura-t-il des sportifs russes et bélarusses à Paris pour les Jeux olympiques 2024 ? Si l'Ukraine, soutenue par les pays baltes et la Pologne, réclame d'ores et déjà l'exclusion des deux pays, le CIO travaille à leur réintégration sous bannière neutre.

- Quand saura-t-on s'il y aura des Russes et Bélarusses aux JO de Paris ?

D'ici la cérémonie d'ouverture, le 26 juillet 2024, "on va être dans le flou artistique pendant longtemps", estime auprès de l'AFP Jean-Loup Chappelet, spécialisme de l'olympisme à l'Université de Lausanne.

Les sportifs russes et bélarusses sont bannis de la plupart des compétitions internationales depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, les fédérations internationales ayant suivi la "recommandation" en ce sens du Comité international olympique.

Mais le CIO, qui a toujours expliqué avoir tranché "le coeur lourd", pour "protéger l'intégrité" des sportifs concernés et des compétitions, oeuvre depuis plusieurs semaines à leur réintégration sous bannière neutre, pour peu qu'ils n'aient pas "activement soutenu la guerre en Ukraine".

Aucune échéance n'a cependant été fixée, alors que de leur côté, les autorités ukrainiennes réclament une exclusion définitive des deux délégations.

- Qui décidera ? -

Les organisateurs français renvoient vers le CIO, et l'instance olympique basée à Lausanne martèle que les fédérations internationales (FI) demeurent "les seules autorités" régissant leurs compétitions, plongeant le monde sportif dans une certaine perplexité.

"C'est tout un processus", décrypte Jean-Loup Chappelet. "Le CIO confie aux FI le soin de sélectionner les athlètes individuels, donc de vérifier que les critères de non-soutien à la guerre sont remplis", un point qui s'annonce très délicat.

Mais par ailleurs, poursuit l'universitaire, "le CIO envoie traditionnellement ses invitations aux comités nationaux olympiques un an avant les Jeux, en grande pompe", et devra donc se déterminer face au Comité russe, "même s'il peut différer ou temporiser".

Enfin, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a directement fait appel à son homologue français Emmanuel Macron pour bannir les Russes, sans réponse pour l'heure de l'Elysée. Si le sujet ne s'est pour l'instant guère invité dans le débat public français, en pleine réforme des retraites, Emmanuel Macron avait assuré au sujet du Mondial-2022 de football au Qatar qu'il ne fallait "pas politiser le sport", esquissant un positionnement en la matière.

- Pourquoi la décision est-elle difficile ? -

Si l'invasion de l'Ukraine par la Russie a suscité un tollé mondial, ses conséquences pour des sportifs étrangers à cette décision sont "un réel dilemme", obligeant le monde olympique "à un jeu d'équilibre", observe Jean-Loup Chappelet.

D'un côté, une pression morale autant que politique: comment admettre les Russes quand les sportifs ukrainiens, mobilisés pour défendre leur pays ou réfugiés à l'étranger, ont si peu de chances de bien figurer aux Jeux, et quand la présence russe risque de susciter hostilité voire boycott ?

Mais de l'autre côté, "légalement, le principe de non-discrimination" des sportifs en fonction de leur passeport "figure dans la Charte olympique", rappelle Jean-Loup Chappelet.

Or Thomas Bach, le président allemand du CIO, est avocat: "il sait que si les Russes vont devant le Tribunal arbitral du sport, le CIO risque de perdre", estime l'universitaire.

- La présence des Russes et Bélarusses peut-elle perturber les JO-2024 ? -

S'il est pour l'heure très limité géographiquement, "le risque de boycott" agité par la Pologne et les pays baltes "est incontestable", et représenterait la première protestation de ce genre depuis les boycotts croisés des JO-1980 de Moscou puis des JO-1984 de Los Angeles en pleine guerre froide, juge M. Chappelet.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et l'Autralie, qui avaient décidé en 2022 d'un "boycott diplomatique" des Jeux d'hiver de Pékin en raison des accusations de génocide des Ouïghours par le pouvoir chinois, n'ont en revanche brandi aucune menace similaire pour l'instant.

"C'est un peu tôt et pas encore sur le radar", observe Jean-Loup Chappelet. "Mais il faut voir comment sponsors et médias vont se positionner dans les prochains mois".

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