Un agent du fisc de 43 ans a été tué mardi après avoir été séquestré avec une collègue dans le cadre d'un contrôle fiscal chez un brocanteur de Bullecourt (Pas-de-Calais), qui s'est ensuite donné la mort. La victime, inspecteur principal des finances publiques, a été retrouvée morte "probablement à la suite de coups de couteau", a affirmé le parquet d'Arras dans un communiqué. "L'inspectrice qui l'accompagnait, très choquée, a été prise en charge par les secours. Ses jours ne sont pas en danger", a-t-il ajouté.
Tous deux "procédaient à une intervention à domicile pour effectuer une vérification de la comptabilité" de l'entreprise d'un homme de 46 ans, qui les auraient alors séquestrés et ligotés, est-il précisé dans le communiqué. "Le mis en cause se serait donné la mort par arme à feu", selon le parquet. "Cet homme faisait simplement son travail (...) Aujourd'hui, il n'est pas revenu. Il a été tué dans le cadre de ce contrôle fiscal", a affirmé le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, qui s'est exprimé en milieu de soirée devant le Sénat. La victime était chef de brigade de vérification dans le Pas-de-Calais, a-t-il précisé.
Les habitants choqués
L'homme était divorcé et père de 2 enfants. Il s'était installé dans à Bullecourt il y a 7 ans et connu par Michel pour sa serviabilité. "Il rendait beaucoup de services. Il rendait des services à la commune avec son camion, tout ça...", confie ce riverain.
"On est atterrés", explique de son côté Joelle, également habitante de Bullecourt, à notre micro RTL INFO. "On ne s'attendait pas du tout à ça. On s'est tous effondrés. C'est un monsieur qui faisait partie du comité des fêtes. Il était très serviable, connu pour sa gentillesse. Je ne peux pas expliquer ce qui s'est passé, il a dû avoir un coup de folie, parce que ça ne correspond pas au personnage. C'était un copain, il était très jovial, sympathique. Il a des enfants dont il s'occupe très bien. J'imagine qu'il avait des problèmes, si le fisc est venu. Mais il ne laissait rien paraître."
Selon une source proche de l'enquête, l'inspectrice qui l'accompagnait a été retrouvée au domicile du brocanteur "ligotée sur une chaise et profondément choquée". "Au moment de l'arrivée des gendarmes, les deux hommes étaient morts", a précisé une deuxième source proche de l'enquête, soulignant que la gendarmerie avait été alertée peu après 18H00 "par un témoin".
Un acte prémédité ?
Le brocanteur se trouvait en situation de défaillance financière. Son dossier est décrit comme "compliqué" par le fisc. Les deux agents étaient donc venus lui présenter les conclusions.
La section de recherche de la gendarmerie des Hauts-de-France a été saisie dans le cadre d'une enquête de flagrance pour assassinat. "L'enquête est ouverte sur chef d'assassinat - dans la mesure où les premiers éléments semblent se diriger vers un acte prémédité - et du chef également de séquestration", a indiqué a indiqué mardi le procureur de la République d'Arras, Sylvain Barbier Sainte-Marie.
"Nous avons retrouvé sur place des colliers de serrage" avec lesquels l'inspecteur principal tué et une collègue ont été attachés, et "ces liens avaient été probablement acheté avant les faits", sachant qu'un rendez-vous avait été fixé pour le contrôle, a mis en avant le procureur lors d'un point de presse à l'appui de cette thèse.
Dans ce petit village de 245 habitants, on pense avant tout aux victimes. "On ne peut pas pardonner son acte. C'est quand même relativement grave. Puis derrière, c'est une famille qui s'en va. Je pense aussi à la dame qui a été ligotée... Je pense qu'on ne la verra plus travailler", a regretté Eric Bianchin, maire de la commune de Bullecourt.
C'était "plutôt une personne qui pouvait discuter et qui savait tenir une argumentation", qui n'avait pas "l'apparence d'une personne violente", s'étonne-t-il.
Une minute de silence a été observée à l'Assemblée nationale à la mémoire de l'inspecteur décédé.
