Accueil Actu Monde International

"Oui, on peut vivre dans un pays en guerre": le témoignage de Gérald, un Normand qui habite en Ukraine depuis 25 ans

Nos envoyés spéciaux en Ukraine ont rencontré Gérald Thomasset, 48 ans. Ce Français habite en Ukraine depuis 25 ans. Entrepreneur dans l'agriculture, il avait quitté le pays au début de la guerre pour rentrer en France avec sa femme et ses trois enfants près de Caen, sa région natale. "J'ai évacué brutalement en mars", se souvient-il. 

Il est désormais de retour à Boutcha tandis que sa famille est restée en France, à l'abri. "Ici, j'ai mon entreprise, mes amis, ma belle-famille, ma vie. Donc on redémarre ce que l'on peut redémarrer", témoigne-t-il. Selon lui, la guerre a notamment changé la mentalité des Ukrainiens. "Énormément d'Ukrainiens qui sont russophones à la base se sont mis à l'ukrainien pour se distinguer. C'est devenu assez insupportable de s'imaginer russe après tout ce qui a été vu et fait, et toutes les souffrances qu'il y a eu en Ukraine", souffle le Normand.

Tout le monde s'efforce d'être confiant pour la suite.

Près d'un an après la guerre, la vie a finalement repris à Boutcha, observe Gérald. "On voit de plus en plus de bâtiments reconstruits. On sent que les gens reprennent leur vie. À Boutcha y compris. Avec certains qui ont été extrêmement marqués. Il y a beaucoup de cicatrices. Mais tout le monde s'efforce d'être confiant pour la suite", assure-t-il. Aujourd'hui, ce Français se dit prêt à rester. "Psychologiquement, je me dit 'C'est la guerre'. Moi, j'ai la chance de pouvoir rentrer en France. Mais la plupart des gens qui sont d'ici vivent. Donc si eux peuvent vivre, je dois pouvoir vivre ici aussi. On peut vivre dans un pays en guerre, oui", conclut-il. 

Plus de 8.000 civils ont été tués en un an de guerre en  Ukraine et plus de 13.000 ont été blessés. Mardi à Genève, le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a dénoncé le tribut "insupportable" payé par la population.Ces données sont probablement inférieures au chiffre réel, ajoute le Haut-Commissariat. Près de 18 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire et environ 15 millions sont déplacées ou réfugiées. 

À lire aussi

Sélectionné pour vous