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Quelle est cette loi sur les 'loot box' qui empêche Claude de profiter d'un jeu vidéo qu'il attend depuis des années? "Ceux qui veulent se ruiner, c'est leur droit"

Claude est furieux. En appuyant sur le bouton orange Alertez-nous, il souhaitait partager "un sujet qui fait rage dans le monde du jeu vidéo". Le jeu Lost Ark, "un jeu incroyablement beau", est sorti début 2022 en Europe après des années d’attentes par rapport à la Corée du Sud. Comme nombre d’autres gamers, Claude espérait pouvoir enfin explorer le monde du jeu, il n’en sera rien. "Nous, les moutons belges, nous sommes les seuls avec les Hollandais à ne pas pouvoir y jouer", peste-t-il.

En effet, le jeu n’est pas disponible en Belgique ni au Pays-Bas. Pourtant, "l'Europe est sous le charme, avec des files d'attente jusqu'à 25.000 joueurs qui font la queue pour rentrer sur un serveur", grogne Claude qui attendait ce jeu "depuis plus de 7 ans."

Interdit pour une raison bien précise

Si Lorst Ark est interdit dans nos plats pays, c’est pour une raison bien précise : la protection des mineurs contre les jeux de hasard.

"La loi sur les jeux de hasard a été étudiée en 2017 et adoptée en avril 2018", explique Vivien Vissotsky, expert en jeux vidéo et ancien commentateur de la ligue belge de League of Legend.

Cette loi a été prise aux Pays-Bas dans un premier temps avant que notre pays ne fasse de même. Le problème vient de certains jeux -comme Lost Ark- qui proposent des ‘loot box’. Entendez par là, la possibilité d’acheter un contenu secret dans le jeu contre de l’argent réel. Or, l’achat d’un contenu qui n’est pas connu à l’avance contre de l’argent réel s’apparente aux jeux de hasard, comme au casino (qui sont interdits aux moins de 21 ans en Belgique).

Vous avez un peu de mal à comprendre ? On réexplique... Certains jeux vidéo offrent la possibilité aux joueurs d’acheter des objets avec de l’argent réel ou avec la monnaie du jeu. Dans ce cas-là, il n’y a pas de souci puisque les joueurs ont le choix entre dépenser leur argent ou passer du temps dans le jeu pour amasser la somme nécessaire à leur achat. En revanche, ce que la loi de 2018 interdit, c’est lorsque les jeux proposent des contenus aléatoires achetables uniquement avec de l’argent réel.

En Belgique, il n'existe pas de moyen d'empêcher des mineurs d'acheter un jeu vidéo. Dès lors, le seul moyen de les empêcher d'être en contact avec des jeux qui proposent un système s'apparentant à des jeux de hasard est d'interdire le jeu en lui même ; c'est le cas de Lost Ark.

Certains jeux trichent sur la règle

Des jeux très populaires comme FIFA et Overwatch utilisaient ce mode de fonctionnement et ont été contraints par la justice à s’adapter. Mais certains jeux font la sourde oreille et prennent sciemment la décision de ne pas se plier à la législation. "Les décisions de justice nomment certains jeux, qui modifient leur manière de faire. D’autres jeux comme Rocket League ont préventivement adapté leur mode de fonctionnement. Mais tous les jeux ne l’ont pas fait. Certains jeux continuent de fonctionner avec des loot box", explique encore Vivien Vissotsky qui dénonce un comportement "hypocrite".

La raison pour laquelle des jeux bravent la loi est toute simple : la somme d’argent colossale que ce mode de fonctionnement leur rapporte. "C’est tellement rentable qu’ils ont pesé le pour et le contre de se contraindre à la loi et ils ont décidé qu’ils avaient plus à gagner en laissant tel quel", précise l’expert.

Pour sa part, Claude assure ne jamais mettre d'argent en jeu, "ceux qui veulent se ruiner, c'est leur droit". "Pourquoi interdire ce jeu et pas des jeux comme Brawl Stars qui est addict pour les gosse de 7-15 ans ? Là-dedans aussi il y a plein de loot box", dénonce-t-il encore. "Peu de jeux sont totalement bloqués", détaille encore Vivien Vissotsky qui "comprend la frustration" de Claude et des autres joueurs qui attendaient avec impatience de pouvoir se lancer à l'aventure du monde de Lost Ark.

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