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Des scènes d'émeutes ont eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi autour du château d'Oupeye (province de Liège) suite aux événements survenus vendredi après-midi et au cours desquels un jeune homme a été tué par balles par la police, rapporte le bourgmestre de la commune Serge Fillot. Les forces de l'ordre ont procédé à une dizaine d'arrestations. Samedi matin, le calme était revenu dans la commune. Les autorités craignent toutefois de nouvelles émeutes ce samedi soir.
Pour tenter de comprendre l'atmosphère qui règne et l'état d'esprit des habitants, nous avons donné la parole à plusieurs d'entre eux ce samedi après-midi. Certains d'entre eux sont des jeunes qui ont participé aux émeutes.
Axel (17 ans), ne souhaite pas montrer son visage:
"La police fait la loi, mais elle la fait mal au mauvais moment. À Oupeye, on est calme, on est gentil, on respecte tout le monde. Mais eux ont décidé de tuer un copain à nous qu'ils ont appelé un fou au volant. On s'est échauffé pour montrer à la police que malgré qu'ils font la justice, nous on peut la faire autrement. Que c'est pas en tuant en tirant que ça doit se faire. Ils auraient dû intervenir autrement, moi je pense. Moi, j'étais pas là pour casser, j'étais là pour observer, voir ce qui se passait, et en hommage".
Leila, une jeune femme:
"On a entendu certaines détonations hier. Ça a été un grand choc pour beaucoup ici. Certains n'ont pas pu manger parce qu'ils ont été pris de panique. Les avis sont très mitigés. Certains sont complètement choqués que certains policiers peuvent agir d'une telle façon. Certains sont intrigués par la manière dont le policier a réagi, et par ce qu'il s'est vraiment passé. On entend tout et n'importe quoi. Personnellement, je ne connais pas les faits, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, donc c'est très difficile d'émettre un avis sérieux et pas simplement ma façon de penser".
Yannick (20 ans), Lorenzo (16 ans), ne souhaitent pas montrer leurs visages. Ils disent avoir été présents dans la rue vendredi soir:
"Ça peut arriver à tout le monde de se faire tirer dessus par-derrière, comme ils l'ont fait avec notre ami (NDLR: des rumeurs indiquent que la police a tiré alors que l'individu était de dos ou en fuite, ce que le parquet a démenti). Surtout, c'était un grand de chez nous, on avait beaucoup de respect pour lui. Quand on vient chez nous faire la loi comme ça… Il faut arrêter les conneries à un moment donné. On pense que si ce n'est pas nous qui réagissons, personne ne va réagir. (La police) fait entre guillemets son travail correctement, mais elle fait en fonction pour que ça l'arrange, mais pas que ça arrange la population. Déjà, l'état fait qu'on n'arrive pas à s'en sortir. Chez nous, c'est la galère. On doit répliquer et faire quelque chose. Sinon on nous traite comme des salopes ici. Hier, c'est la haine qui a parlé. Moi je vous le dit, ici ça va encore être le dawa, comme Nahel en France. C'est la même chose".
Jeannine, une habitante d'un certain âge:
"Est-ce qu'on ne se croirait pas en Amérique? On est devenu des petits cow-boys? On ne tire pas dans le dos d'une personne. Il lui a tiré dans le dos alors qu'il pouvait se défendre autrement, je pense. Oui, il a renversé le policier, mais ce n'est pas pour ça qu'on tue. On ne bouge pas la vie. Il n'a pas été maître de son arme. Il a perdu le contrôle. Malheureusement, il y a un mort là-dedans".
Solange, une habitante d'un certain âge:
"Je ne suis ni pour la police ni pour le jeune homme. Je trouve que la situation est super dérangeante. Il y a un mort et un policier impliqué dedans, une fois de plus. Mais il y avait quand même un refus d'obtempérer… J'espère que ça ne va pas continuer".