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Scène surréaliste: des talibans armés jusqu'aux dents découvrent les joies d'un parc d'attraction

"C'est l'Afghanistan!", s'époumone un combattant taliban en prenant place sur un bateau pirate un peu branlant avec quelques-uns de ses camarades d'armes riant aux éclats, dans le parc d'attraction du lac Qargha, à l'Ouest de Kaboul. Leur kalachnikov ou leur mitraillette MP4 en bandoulière, les soldats se cramponnent aux bancs d'acier multicolores qui font le va-et-vient, leurs foulard et turban au vent. Un lance-roquettes que l'un d'entre eux berçait quelques minutes plus tôt dans ses bras a finalement été laissé sur le sol. Par précaution.

Certains découvrent ce qu'est un parc d'attraction

Ces talibans, âgés de 18 à 52 ans, prennent du bon temps dans ce petit parc d'attractions. D'ordinaire, l'endroit attire plutôt des familles et enfants qui viennent s'amuser sur les manèges ou la grande roue. Depuis leur prise du pouvoir, des milliers de talibans venus de tout le pays et souvent originaires des campagnes sont arrivés à Kaboul. Au sein du petit groupe, la plupart découvrent un parc d'attraction pour la première fois. A la fin du tour de trois minutes, ces combattants aguerris applaudissent, s'esclaffent et arborent de grands sourires. Et le lance-roquettes retrouve les bras de son propriétaire.

Sur des pédalos en forme de cygne mais toujours armes en main


Sur les rives pittoresques du lac, d'autres talibans montent à bord de pédalos en forme de cygne, alors que le soleil commence à se coucher derrière les collines alentour. Sans jamais abandonner leur arme, ils partent par paires vers le milieu du lac sur leurs petits bateaux roses, bleus, verts ou jaunes, éclatant de rire quand ils en viennent à se foncer dessus.

Habillés de tenues de camouflage pour les uns, de vêtements traditionnels pour les autres, ils posent ensuite, fusil automatique en main, pour des photos prises par leurs amis sur le rivage caillouteux. A l'écart, une dizaine de talibans plus âgés profitent du moment pour prier sur la jetée où ils ont déposé leur châle sur le sol, entre deux bateaux.

Craintes de nouvelles restrictions sur les loisirs

Nous sommes six semaines après l'arrivée du mouvement islamiste dans la capitale afghane et son retour au pouvoir, 20 ans après en avoir été chassé par une intervention américaine et internationale. Depuis, la population craint un retour au régime fondamentaliste qu'il avait imposé dans les années 1990 quand la plupart des divertissements, comme la musique, la photographie, la télévision ou même les cerfs-volants, étaient interdits. Les islamistes ont cette fois-ci tenté de rassurer les Afghans et la communauté internationale, en affirmant qu'ils se montreraient moins stricts que par le passé. Mais leurs promesses laissent sceptiques les observateurs.

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