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Thomas Pesquet: objectif lune ou Mars?

Ce lundi 27 juin, Thomas Pesquet était l'invité du RTL INFO 13H. À 44 ans, le charismatique astronaute, est rentré en fin d'année dernière de son deuxième séjour dans la Station spatiale internationale (ISS). Il a répondu aux questions de notre journaliste Olivier Schoonejans, et à la fameuse interrogation que tout le monde se pose. Quel sera le prochain objectif de l'ambitieux astronaute ?

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"Influenceur spatial",  cela vous convient-il comme surnom? 

Thomas Pesquet: Je pense que moi, je suis plutôt vraiment un astronaute. J'ai un job technique, mais j'ai essayé de partager cette mission-là, mais je n'ai pas la vocation d'occuper le devant de la scène. Quand je n'ai rien à raconter je ne raconte pas grand-chose. Et c'est le cas en ce moment. C'est très très calme sur mes réseaux sociaux, parce que voilà, comme il n'y a pas de mission, il n'y a pas de belles photos à poster. Il m'en reste quelques-unes de la précédente, mais il faut que j'arrive à avoir le temps de les trier.

J'ai entendu dire que vous aviez rendu l'espace sexy... 

Thomas Pesquet: Sexy? Je ne sais pas mais c'est vrai que cela a toujours été intéressant. Le problème qu'on a dans l'espace, c'est que c'est par nature inaccessible en fait. Donc on envoie des choses dans l'espace et il y a très peu de choses qui en reviennent. Les astronautes sont les seuls qui ont la chance d'aller dans l'espace et de revenir. C'est par nature, très loin, comme un peu virtuel. On ne peut pas y toucher. On ne peut pas voir ça en comparaison avec le foot, l'aéronautique, les voitures et tout ça. Ce sont des choses qui sont tout autour de nous. Il a donc fallu un peu gommer cette distance-là. Et je pense que les réseaux sociaux ont été un bonheur à ce niveau-là, parce qu'on a pu faire partager ce quotidien et rapprocher des gens. Cela tombe bien parce que c'est pour eux qu'on le fait au final.

Est-ce qu'il y a dans vos missions des moments où le coeur bat plus vite?

Thomas Pesquet: Oui, il y en a souvent. Le décollage, c'est un moment spectaculaire et juste avant, on dit au revoir à sa famille, et c'est un moment très solennel et très difficile. Le décollage, et le retour sur terre, ce sont des moments très dynamiques. On voit bien qu'il y a du risque, on voit bien qu'il y a énormément de forces. La capsule qui freine en frottant sur l'atmosphère, on devient une boule de feu. On est écrasé par la pression. C'est quand même un peu difficile aussi et quand on est en sortie extra-véhiculaire, qu'on se balade accroché par un petit filin, à l'extérieur de la station, à 400 kilomètres et bien là, on fait attention aussi à ce qu'on fait.

Vous visualisez ça? Parce que j'imagine quand on est en dehors de l'ISS, vous êtes très concentrés sur les procédures. Tout ça est répété et travaillé mais, il n'y a pas un moment où vous jetez un petit coup d'oeil sur le côté et vous vous dites: "Houlà..."

Thomas Pesquet: Si. Ma première sortie extra-véhiculaire, c'est mon collègue qui m'a dit: "Ecoute, maintenant prends 5 minutes et regarde autour de toi, parce qu'effectivement, on est tellement concentrés qu'on se retrouve comme à l'entraînement. Sauf qu'à l'entraînement, c'est en piscine, donc on n'a pas ces 400 kilomètres de vide et la terre qui défile sous nos pieds. Mais cela ajoute un petit coup de stress, une petite adrénaline, surtout que sur cette mission-là, on est allés très loin, à bâbord de la station spatiale, on appelait ça, le Far West parce qu'il n'y avait pas grand-chose à quoi s'accrocher. Parfois c'était un peu tendu.
 
Vous venez aussi parler du programme Artemis, le projet de retour sur la lune et peut-être par extension, le projet d'aller sur Mars. En tous les cas, c'est l'objectif.  Qu'est-ce qui est prévu et pour quand? Expliquez-nous un peu à quoi va ressembler la mission à laquelle l'ESA va participer?

Thomas Pesquet: Comme tout ce qu'on fait de vraiment ambitieux dans l'espace, c'est une coopération internationale. L'espace dépasse les frontières. C'est vrai que ce sont des budgets assez importants, mais aussi des retombées qui concernent tout le monde. Donc on a tendance à remettre nos ressources en commun et c'est très bien. Comme pour la station spatiale, ce sera un partenariat avec nos collègues américains, japonais et canadiens. Et ensuite pour retourner sur la lune, on va y retourner parce que scientifiquement, on pense qu'on va y apprendre beaucoup de choses et ce qu'on a envie au niveau de l'exploration, c'est d'y faire une présence un peu plus permanente. Une expédition grandeur nature. Et un jour d'aller sur Mars et d'y répondre à des questions fondamentales: d'où vient la vie? Est-ce qu'elle peut disparaître de la surface de la planète Terre? Par similitude entre Mars et la Terre. Mais tout cela, on va aussi se le poser sur la lune. Il nous faut un lanceur, une station autour de la lune et une capsule pour y accéder. On les a quasiment. On est en train de les construire. Le premier lancement du vol normalement inhabité est prévu pour cet été. J'étais sur le pas de tir la semaine dernière et ensuite dans deux ans, on aura lieu la première mission habitée et au rythme d'une mission par an. L'exploration lunaire va reprendre.

Il y aura donc une station autour de la lune qui servira de base pour aller sur Mars?

Thomas Pesquet: Oui, déjà conceptuellement, et vraiment technologiquement, on va reprendre ces techniques qui vont nous permettre d'y aller. Après pour une trajectoire vers Mars, on ne s'arrêtera pas essentiellement comme une station-service autour de la lune, mais ce sont ces technologies qui nous permettront dans 5 et 10 ans d'aller sur la lune et dans 15, 20 ans d'aller sur Mars.

Vous préférez aller sur la lune ou sur Mars? Vous y pensez à titre personnel?

Thomas Pesquet: Bien sûr. Non seulement moi, mais tous mes collègues italiens, allemands, danois. On est tous là pour répondre aux besoins d'explorations de la société européenne et de l'agence spatiale européenne. On va tous lever la main quand on nous demandera qui est volontaire. Aujourd'hui, la station spatiale, c'est ce qui a de plus loin, demain la lune, ensuite ce sera Mars. Pour Mars, je ne sais pas... Parce que dans 20 ans, je serai plutôt en fin de carrière. Est-ce que la santé sera toujours au rendez-vous? Je ne sais pas et ce sera une visite médicale peut-être un peu compliquée pour être astronaute. Mais en tous les cas la lune, si ce n'est pas en y posant le pied, ce sera en contribuant à ces missions-là avec l'expérience que j'ai accumulée dans la station spatiale.

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