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Une école de Sivry-Rance organise un dépistage covid massif, des individus déversent leur haine sur Facebook: "Je n'oublierai pas", dit la directrice

Un déferlement de messages haineux sur internet. Cela a visé une école de Rance, suite à un testing Covid massif samedi dernier. L’école a reçu un millier de messages, emails et commentaires négatifs et souvent agressifs. Sur place c’est l’incompréhension (d’autant que les tests ont relevé 10 nouveaux cas positifs).

A Sivry-Rance (Hainaut), comme c'est le cas dans d'autres écoles, un dépistage massif a été organisé car les cas positifs au coronavirus se multipliaient au sein des élèves et des enseignants.

Un dépistage sur base volontaire: 190 enfants ont reçu un test PCR, et pour les féliciter (la tige dans le nez est intrusive et douloureuse), l'école avait eu l'idée de leur décerner un "diplôme de super champion".

Ce sont des complotistes

Des photos ont été prises et postées sur la page Facebook de l'école, mais plusieurs individus, qui ne sont PAS des parents de l'école, ont publié des commentaires haineux contre cette initiative. "C'est une honte, on retourne aux années 40-45, où Hitler donnait des récompenses à la jeunesse hitlérienne. N'oubliez pas l'étoile jaune pour les autres", a écrit une personne. Durant des heures, des propos haineux et des menaces ont fusé. L'école a fermé sa page Facebook, à regret. Cette page Facebook de l'école avait été créée il y a un certain temps, notamment pour montrer les animations des enfants. "Mais ça en gêne certains, donc autant vivre cachés", conclut Elodie Cuvelier, institutrice et créatrice du groupe Facebook de l’école.

Ce sont des gens qui ne sont pas de la région du tout (….) Ils viennent mettre leur venin sur notre école

"Je n'accepte pas, je n'oublierai pas le fait d'avoir été accusée de soutenir un crime contre l'humanité", nous a confié la directrice, Anne Dupuis. "Ce sont des mots graves, forts. Je pense qu'il y a des gens qui n'ont rien d'autre à faire que d'ennuyer le peuple, c'est clair. Ce sont des complotistes".

"Nous sommes dans une société qui est en train d’être très malade. Ce sont des gens qui ne sont pas de la région du tout (….) Ils viennent mettre leur venin sur notre école. Tout le monde a le droit de s’exprimer, mais pas n’importe quoi et certainement pas émettre des menaces", a réagi l'échevin de l'enseignement de Sivry-Rance qui n'exclut pas de porter plainte. L’école a reçu du soutien des parents d’ici et d’ailleurs. Plus nombreux encore que les internautes agressifs.

Une ONG attaque Facebook en justice parce qu'il ne respecte pas ses promesses pour le contrôle de la haine

Une plainte a été déposée par l'ONG Reporters sans frontières (RSF) lundi dernier auprès du procureur de la République de Paris. Elle s'appuie, selon l'organisation de défense de la liberté de la presse sur "la contradiction manifeste entre les engagements du réseau social vis-à-vis des consommateurs et la réalité de son fonctionnement". La plainte, consultée par l'AFP, vise les filiales Facebook France et Facebook Irlande, via lesquelles le groupe exerce ses activités en France. RSF entend démontrer que les engagements du groupe américain, figurant notamment dans ses conditions générales d'utilisation, "reposent largement sur des allégations mensongères": alors que la plateforme s'engage à agir pour maintenir "un environnement sûr et sans erreurs", l'association pointe de multiples types de contenus haineux et autres fausses infos qui prospèrent sur le réseau.

Parmi les éléments à charge fournis par RSF pour appuyer sa plainte figurent des menaces de mort contre les journalistes de Charlie Hebdo ou la mise en ligne de vidéos comme le documentaire "Hold Up" accusé de relayer des thèses complotistes. Pour l'ONG, cela constitue, au sens du code de la consommation français, une "pratique commerciale trompeuse", délit passible d'une amende "qui peut atteindre 10% du chiffre d'affaires annuel moyen".

RSF ajoute que "les conditions de services de Facebook étant les mêmes partout sur la planète, une décision de justice en France sur leur caractère trompeur pourrait avoir un impact global", et dit étudier en outre "le dépôt de plaintes similaires dans d'autres pays".

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