La plus grande centrale de stockage d'énergie d'Europe épuise les habitants de Lessines: "C'est invivable cette machine"

Via le bouton orange, plusieurs personnes témoignent leur ras-le-bol. À Deux-Acren (Lessines), des habitants ont vu s'implanter la plus grande centrale de stockage d’énergie d’Europe, Corsica Sole. Construite en 6 mois et intégralement constituée de batteries lithium-ion, la centrale installée à Deux-Acren assure la régulation de la fréquence sur le réseau d’électricité belge.

Mais depuis cette installation, les riverains ont dû renoncer, impuissants, à la quiétude de leur quartier. "On se retrouve à avoir des batteries qui se sont mises à hurler et faire des bruits monstres pendant des heures et des heures depuis février", résume Guillaume. 

Une situation "invivable

Sur place, nous rencontrons un groupe d'habitants bien décidés à mettre fin à cette situation "invivable". Tous nous confient ne pas s'opposer au projet en tant que tel. C'est le niveau sonore provoqué par cette implantation qu'ils dénoncent. Selon eux, depuis la mise en route de l'entreprise, leurs habitudes se trouvent réellement impactées.

"On ne peut plus recevoir nos amis et profiter tranquillement du jardin. Quand c'est le week-end et que ça tourne, on se confine à l'intérieur. Et malgré tout, même à l'intérieur, on entend. Parfois, on est en télétravail, mais on ne parvient pas à se concentrer, car ça fait du bruit. Et même quand ça s'arrête, on entend ce bourdonnement. C'est invivable quand cette machine se met en route", souffle Rédempteur. 

"Jusqu'à 70 dB certains jours"

Ces habitants nous expliquent que les nuisances sont comparables à celles d'un énorme ventilateur. Munis de leur smartphone, ils ont mesuré les nuisances engendrées. "Jusqu'à 70 dB certains jours", assure Guillaume. À noter que cette mesure peut être comparée au bruit d'un aspirateur. On ne parle donc pas d'un risque de dommage auditif, mais une longue exposition à ce seuil peut entraîner de la fatigue, du stress et de l'irritabilité.

Le problème selon les riverains, c'est que le projet présenté par Corsica Sole n'évoquait pas un tel niveau sonore. "Sur papier, le projet est très très bien. Quand on regarde l'étude sonore faite pour ce projet (40,6 +4 dB), le quartier devrait rester tranquille", souligne Guillaume. 

Pour mettre fin à ce vacarme, ces habitants se sont donc mobilisés. Une pétition a été réalisée et des contacts avec la Région et la Commune ont été pris. Et depuis quelques jours, ils assistent à une réduction du bruit. Simple coïncidence ou réelle conséquence ? À en croire les dires de Pascal De Handschutter, bourgmestre de Lessines, les riverains ont en effet été entendus. 

Il faut objectiver l'intensité de ce bruit.

"Au début du mois de mai, nous avons eu des plaintes. Nous n'avons pas tardé à saisir le service de police et contrôle de la région wallonne qui s'occupe de ce genre de nuisances pour procéder à une mesure de l'intensité du bruit. Il faut objectiver en termes de décibels quelle est l'intensité de ce bruit. Nous avons insisté auprès de la Région wallonne pour que des mesures soient faites", indique-t-il. Des sonomètres seraient actuellement en cours d'étalonnage. 

Selon le bourgmestre, l'entreprise, qui a elle-même reconnu qu'il y avait un souci, a commandité une analyse sonométrique. "Et aujourd'hui, il semble que la fréquence et l'intensité des nuisances sonores se soit déjà réduite", souligne Pascal De Handschutter. Pour les autorités locales, il est important de veiller aux limites fixées dans le permis. "Si l'exploitant ne respecte pas les normes fixées, il s'expose à des problèmes", conclut le bourgmestre. 

De son côté, l'entreprise Corsica Sole nous dit suivre la situation de près en enregistrant régulièrement les niveaux sonores. Anthony Bonello, directeur de projets chez Corsica Sole, nous éclaire :  "On a entendu les premières plaintes en avril/ mai donc on a appris cela très au sérieux directement. On a lancé une campagne de mesure pour voir où en étaient les niveaux sonores. Et on s'est aperçu qu'à certains moments dans la journée, il y a des niveaux sonores plus importants que ce que l'on avait prévu. En cherchant la cause, on s'est aperçu qu'il y avait les ventilateurs de nos batteries qui tournaient plus vite que ce qui était prévu à la base. C'est-à-dire que ça ventilait trop fort". 

Cette ventilation excessive s'explique notamment par le fait que les batteries ont été largement sollicitées durant ces derniers mois notamment en raison du contexte géopolitique. "Ces batteries ont été très sollicitées depuis un an, mais on s'en aperçoit que maintenant parce qu'on fait face à de fortes chaleurs depuis un mois ou deux. Les ventilateurs se sont donc mis à tourner au maximum pour refroidir les batteries", indique Anthony Bonello. 

On a pu réagir vite.

Depuis quelques jours, les vitesses de rotation des ventilateurs ont donc été réduites. "L'important, c'est que l'on ait pu réagir vite et trouver la cause rapidement", conclut le directeur de projets. Une rencontre entre l'entreprise et les autorités locales est également prévue afin de s'assurer que des solutions au problème ont été trouvées.