Accueil Actu Vos témoignages

Noam veut devenir esthéticien, on lui refuse "parce qu'il est un garçon"

Noam, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, s’indigne après avoir essuyé un refus d’inscription dans une école d’esthétique. La cause invoquée : il est un garçon. Alors comment expliquer un tel refus ? Que répond le secteur ? 

À 15 ans, Noam a décidé d’abandonner ses études en sciences sociales pour se consacrer à sa passion : l’esthétique. Il y a quelques semaines, il se rend aux portes ouvertes d’une école pour s’y inscrire mais, sur place, on lui explique que c’est impossible. “La cheffe d'atelier m'a demandé ce que je voulais faire. J'ai répondu que je voulais m'inscrire dans l'esthétique. Elle m'a répondu que j'étais un garçon et qu'elle ne pouvait pas me prendre. Je ne savais pas comment réagir. On est au 21e siècle...Pourquoi je ne pourrais pas intégrer une école?", s'interroge-t-il. 

Moi ce n'est pas de la maçonnerie que je veux faire, c'est de l'esthétique

Déçu que son rêve ne puisse se concrétiser, Noam repart donc bredouille de cette journée portes ouvertes. Aujourd'hui, il s'offusque de la situation et témoigne afin que cela ne se reproduise plus. “J’ai l’impression qu'on essaie vraiment de m'envoyer dans une case, parce que je suis né garçon. Moi ce n'est pas de la maçonnerie que je veux faire, c'est de l'esthétique. C'est ma passion, ma vocation", s'offusque-t-il. 

Edition numérique des abonnés

Suite à cela, nous avons contacté l’école en question. On nous indique que Noam est le seul candidat masculin à ce stade, ce qui rend impossible son inscription. "À ce jour, ce garçon, mineur, serait le seul inscrit. Ce qui préoccupe la responsable de la section coiffure et esthétique et sa direction. En effet, un seul garçon dans une classe de filles alors que les cours concernent notamment l'épilation en bikini, le soin du corps avec le massage du buste ou l'enveloppement du corps entier, maquillage du jour, du soir, manucure, pédicure, ... peut poser quelques difficultés à un moment de l'adolescence où la découverte du corps et la pudeur constituent de nombreux freins", justifie l'établissement via un communiqué. 

Tous les réseaux d'enseignement se doivent d'accepter les garçons en esthétique

Pour se former en esthétique, l'école propose donc à Noam d’intégrer plutôt un cursus en alternance afin qu’il puisse s’exercer non pas à l’école, mais en entreprise. Cette alternative ne convient toutefois pas au jeune homme qui souhaite suivre une formation en plein exercice.

Afin de comprendre les raisons d'un tel refus, nous avons interrogé le secteur. Pour Laurence Wuylens, présidente de l'Union Nationale de l'Esthétique et du Bien-être, une école ne peut refuser une inscription en classe d'esthétique sur le simple fait que le candidat est un garçon. "Ce n'est pas normal. Tous les réseaux d'enseignement se doivent d'accepter les garçons en esthétique car le profil-métier est le profil d'esthéticien. Donc, il n'y a pas de raisons qu'on lui refuse l'inscription", éclaire-t-elle. 

Edition numérique des abonnés

Selon la présidente, c’est aux écoles de s'adapter pour que chacun puisse trouver sa place. "Les garçons et les filles sont tout à fait ouverts à travailler ensemble. Peut-être qu'à l'âge de l'adolescence, c'est plus difficile de se dire que l'on va devoir se dévêtir face à un garçon. Mais on commence par les soins visage, la manicure, la pédicure. Il faut prévoir des aménagements pour les vestiaires. Et quand on passe aux soins corps ou aux épilations, on peut faire des aménagements avec des paravents ou avec des modèles que le garçon pourrait amener", explique Laurence Wuylens.

Selon la présidente, chaque année, "un à deux garçons" rejoignent chaque école environ. "Mais, de plus en plus, il y a une ouverture d'esprit et on voit des hommes qui deviennent esthéticiens. On est bien masseurs, kinés. Pourquoi pas esthéticiens ?", souligne-t-elle. 

Un garçon va apporter un équilibre dans un institut.

Cette passion du métier, Thomas Libert la connaît bien. Depuis une dizaine d’années, il a son propre salon à Bruxelles. Et, selon lui, la place des deux genres dans l’esthétique n’est plus à prouver. "C'est vrai qu'il y a une demande. Mais je pense que les garçons ont peur de faire le premier pas étant donné que les portes ne s'ouvrent pas. Je pense qu'il est aussi bien agréable d'avoir à travailler avec un garçon. Il va apporter un équilibre dans un institut et il a aussi une approche différente vers un client ou une cliente", estime l'esthéticien. 

Edition numérique des abonnés

Depuis la crise du Covid, le secteur fait face à une pénurie d’esthéticiens et d’esthéticiennes. Alors les professionnels semblent unanimes: face à un jeune motivé, qu’importe son genre, sa place doit être garantie.

À lire aussi

Sélectionné pour vous

Commentaires

2 commentaires

Connectez-vous à votre compte RTL pour interagir.

S'identifier S'inscrire
  • Egalité pour tous ? Bravo Mesdames.

    Jean-Luc HANOT
     Répondre
  • On oublie trop souvent que l'égalité, le non-racisme, la tolérance, ça va dans les deux sens ! Il est bon de le rappeler de temps en temps.

    roger rabbit
     Répondre