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La compagnie Air Belgium va-t-elle aller à Charleroi ou à Zaventem? Le patron Niky Terzakis explique ce qui fera la différence

La compagnie aérienne en devenir Air Belgium, veut offrir des vols au début de l’été prochain entre la Belgique et la Chine à partir de Zaventem ou de Charleroi. "Un choix stratégique extrêmement important", nous a confié le CEO Niky Terzakis qui donne les avantages et inconvénients des deux aéroports. Une nouvelle compagnie qui créera par ailleurs près de 300 emplois d’ici la fin de l’année. Plusieurs postes sont encore à pourvoir.

La nouvelle compagnie aérienne Air Belgium devrait proposer des vols vers la Chine d’ici le début du mois de juillet et comme nous vous l’indiquions l'aéroport de Bruxelles semble favori pour accueillir la nouvelle compagnie aérienne. Son CEO Niky Terzakis nous a accordé un entretien pour expliquer notamment ce qui pourrait faire la différence entre Charleroi et Zaventem alors que les négociations vont progressivement s’intensifier.

"Ce choix stratégique est extrêmement important", souligne Niky Terzakis qui annonce que d’un point de vue commercial, le choix pourrait être dévoilé au même moment que l’obtention de la licence, ce qui devrait intervenir au mois d’avril prochain. Pour rappel, une demande auprès de la direction générale du Transport aérien du SPF (Service Public Fédéral) Mobilité a été introduite et une réponse est attendue au printemps prochain.

L'aéroport duquel les vols réguliers décolleront "tout au long de l'année" devra ainsi offrir "de la connectivité", a résumé Niky Terzakis.

"Il faut faire le choix d’une base d’exploitation qui est desservie quotidiennement par des lignes régulières vers des centaines d’autres destinations. Ce qui nous permettrait de remplir nos avions", explique le CEO qui rappelle que dans un premier temps quatre avions (des A340-313) effectueront les différents trajets. 

"Par "connectivité", j’entends que nos vols fassent partie d’un réseau de lignes aériennes permettant aux voyageurs de composer leurs itinéraires en amont ou en aval."

Des conditions qui ont mis l’aéroport de Liège hors course pour accueillir Air Belgium dans ses infrastructures, alors que d’un point de vue technique, celles-ci sont adaptées.

"On cherche à aller sur une plateforme qui est bien desservie pas d’autres compagnies. Nous voulons offrir des vols réguliers donc toute personne doit pouvoir acheter un billet, sur le marché public et choisir sa liaison. On ne peut pas attendre qu’un avion soit rempli par un client ou tour opérateur pour voler", explique-t-il. "À Liège, on n’aura pas la capacité d’attirer la clientèle."

Par ailleurs, après une interruption durant l’hiver, les vols entre Liège Airport et la Chine (qui sera la première destination d'Air Belgium) reprendront aux mois d’avril et seront organisés par tour opérateur chinois U-Tour. "Ses vols avec la Chine ne sont pas du tout concurrents avec ceux que nous voulons lancer car dans ce cas-ci, ils sont affrétés par un client qui indique le jour et l’heure à laquelle le vol aura lieu et où l’avion va se poser", affirme Niky Terzakis. 


Autant de connectivité à Charleroi qu'à Bruxelles

Le choix entre Charleroi et Bruxelles doit donc se faire pour attirer trois groupes de clientèles: le grand public, les groupes de voyageurs qu’ils soient touriste ou d’entreprises et bien entendu les voyageurs d’affaires se rendant d’Europe vers l’Asie et vice-versa.

"Une décision stratégique doit être faite. Il y a de nombreuses considérations techniques et financières à prendre en compte et, surtout il faut que la clientèle accepte", déclare l'homme qui a déjà travaillé dans le secteur aéronautique en Belgique, notamment chez TNT. "Par essence, les vols internationaux partent de Bruxelles tandis que Charleroi est super bien desservie avec des vols Ryanair et ses 7 millions de passagers. Il y a là une belle croissance. La connectivité existe autant à Charleroi qu’à Bruxelles" 


"Charleroi attire moins les voyageurs d’affaires"

Sans mettre l’aéroport de Charleroi de côté, le patron d’Air Belgium dévoile ce qui pourrait lui être défavorable par rapport à Brussels Airport: "Tous les publics sont représentés mais soyons honnêtes, Charleroi a moins une vocation pour attirer le public voyageurs d’affaires", affirme-t-il. "Il faut pouvoir être certain que ce public ira prendre des dessertes en particulier sur l’Asie au départ de Charleroi alors que pour d’autres destinations, il ira à Bruxelles. C’est à prendre en compte."


Quid de la piste trop courte pour les avions d'Air Belgium?

De manière générale, le patron d’Air Belgium estime que la modification ou l’aménagement de l’infrastructure global de Charleroi est nécessaire pour poursuivre une croissance déjà importante.

"Nous proposons de venir avec des vols longs courriers et l’infrastructure doit être adaptée. C’est un changement de modèle aussi pour Charleroi alors qu’à Bruxelles, ce n’est pas le cas. Mais encore une fois la volonté est là et le marché aussi", poursuit-il. "Charleroi est très attractif comme Bruxelles. Chaque aéroport a ses pour et ses contre. On ne peut pas se planter. On prend le temps et on a beaucoup de discussions en cours."

Quant à la possibilité d’ouvrir ses activités en Flandre, il ferme immédiatement la porte: "Il faut des aéroports avec de la connectivité. Si Liège n’est pas adéquat, Anvers et Ostende ne le sont pas non plus."


La Chine mais...

Air Belgium, basé dans le Brabant wallon à Corbais, a donc fait de la Chine et, "ses plus grandes villes", sa première destination. Le mystère sur ces destinations demeurera cependant jusqu'en avril.

Pour Niky Terzakis, l'Asie est un marché mal desservi aujourd'hui au départ de la Belgique et les voyageurs sont souvent déroutés vers d'autres grands aéroports. Il vante par ailleurs l'importance de l'économie belge et le statut de capitale européenne de Bruxelles. 

"Il n’y a pas de raison que nous n’entreprenions pas au moins de desservir la Belgique, son économie, pas des liaisons aériennes directes et offrir de l’attractivité à notre pays en ce qui concerne les investissements venants de l’étranger ou permettre aux entreprises et entrepreneurs belges d’accéder plus facilement à des marchés à des prix abordables", estime-t-il.

Tous les efforts sont actuellement déployés pour lancer des vols vers la Chine mais, la nouvelle compagnie aérienne belge n’exclut pas de se tourner à long terme vers d’autres continents.

"On n’a pas arrêté notre horizon sur la simple Chine et l’Asie, bien que ce continent soit déjà très important et il y a beaucoup de destinations à pourvoir potentiellement", indique-t-il. "On doit prendre en compte dans notre plan d’affaires les sensibilités et les situations géopolitiques qui peuvent être hasardeuses à certains endroits. Comme toute entreprise native, elle doit commencer "petit", générer du profit, réinvestir et étendre ses activités et ses ambitions. Je suis prudent, il faut rester humble dans un secteur compliqué et passionnant."


Air Belgium, reprise d’un nom "diablement facile" pour promouvoir la Belgique

Depuis fin 2015, Niky Terzakis encadré par du personnel d'expérience (certains ont travaillé au sein de la Sabena, d'autres chez DHL ou Thomas Cook) veut donc lancer une compagnie à l’"esprit 100% belge."

Une des premières étapes a été de reprendre le nom d’une compagnie aérienne charter belge créée en 1980 et qui a cessé ses activités en octobre 2000.

"L’ancien Air Belgium n’a rien à voir avec ce que nous faisons aujourd’hui mais, elle n’avait pas une mauvaise réputation et possédait un cadre spécifique dans le monde des vols charters et des tour-opérateurs de l’époque", précise-t-il.

Il ajoute: "Nous avons repris ce nom car, il est diablement facile, il dit exactement ce qu’on cherche. C’est une compagnie aérienne belge à vocation de promouvoir la Belgique. L’attrait de notre pays à l’étranger. C’est une valeur sure. Quand on a repris le nom, on était conscient de reprendre le nom d’une compagnie qui a existé mais il ne portait rien de négatif. Je ne voyais pas pourquoi on devait s’en priver."


280 à 300 emplois d’ici la fin de l’année

Le recrutement de la compagnie qui avait également lancé début décembre des offres d'emploi à destination de pilotes et du personnel de cabine, va passer à l’étape des sélections.

Il est encore possible de postuler. Les recrutements s’échelonnent en fonction de l’état d’avancement du lancement de la compagnie aérienne et du développement de certains départements. Pour l’instant, la compagnie recherchent de nouveaux collaborateurs pour renforcer notre personnel navigant (cabine ou cockpit), mais elle prévoit dans les trois prochains mois le recrutement de certains profils pour le siège de Mont-Saint-Guibert. Dans les deux cas, les candidats intéressés peuvent consulter les offres régulières sur www.airbelgium.com.

Sur les 280 à 300 collaborateurs qu'Air Belgium prévoit d’engager d’ici à la fin de l’année, une cinquantaine d’entre eux travailleront depuis Mont-Saint-Guibert. Ils occuperont des fonctions administratives classiques d’une entreprise (direction générale, IT, RH, finance, vente, marketing) et des fonctions plus spécifiques à notre secteur (direction des opérations en vol et au sol, gestion de la formation des équipages et services d’audit opérationnel). Les autres, c’est-à-dire le personnel navigant (cabine ou cockpit), sera quant à lui basé à l’aéroport.

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