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Brésil: Ralliements de poids pour Lula et Bolsonaro avant le second tour

Les deux adversaires de la présidentielle au Brésil, l'ex-chef d'Etat de gauche Lula et le président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro, ont engrangé mardi des soutiens importants en vue du second tour du 30 octobre, qui s'annonce très serré.

Les grandes manoeuvres ont commencé au surlendemain du premier tour qui a vu Luiz Inacio Lula da Silva, icône de la gauche, remporter 48,4% des voix, devant Bolsonaro, dont le score a été meilleur que prévu, avec 43,2%.

Un peu plus de six millions de voix les séparent -- sur 156 millions d'électeurs -- et d'intenses tractations et marchandages étaient menés par les états-majors des deux candidats pour rallier des soutiens, parfois au prix d'un grand écart idéologique.

Lula a obtenu mardi le ralliement, mais du bout des lèvres, du candidat de centre-gauche arrivé 4e au 1er tour, Ciro Gomes (3%), dont le Parti démocratique travailliste (PDT) venait d'annoncer son ralliement à l'ex-président aux deux mandats (2003-2010).

"Nous venons de tenir une réunion de la direction du Parti démocratique travailliste et je fais cette vidéo pour dire que j'appuie" cette décision, a déclaré Ciro Gomes sur les réseaux sociaux, dans la foulée du soutien du PDT à Lula.

"Vu les circonstances, c'est la seule solution", a ajouté cet ancien ministre du gouvernement Lula, sans toutefois citer le nom de l'ex-président de gauche, avec lequel il entretient des relations très acrimonieuses.

"Les deux options (Lula ou Bolsonaro) sont insatisfaisantes", a-t-il lâché.

- "Une nouvelle relation" -

Le clan bolsonariste a pour sa part le soutien de l'ex-juge anti-corruption Sergio Moro, élu sénateur de l'Etat du Parana (sud) avec 1,9 million de voix aux législatives organisées dimanche en même temps que la présidentielle.

Sergio Moro, "tombeur" de Lula, qu'il a envoyé 18 mois en prison en 2018-2019 dans une affaire de pots-de-vin autour du groupe Petrobras, a exprimé sur Twitter un franc soutien au chef de l'Etat sortant.

"Opposé au projet du PT (le Parti des Travailleurs de Lula), je déclare, pour le second tour, soutenir Bolsonaro", a annoncé Moro, qui garde dans le pays l'image de héraut de la lutte anti-corruption, même si la Cour suprême l'a finalement jugé partial contre Lula.

L'ex-juge avait été une grosse prise du gouvernement de Bolsonaro au début 2019. Mais il en avait claqué la porte en avril 2020, accusant le président d'interférer dans les enquêtes de police sur les affaires impliquant sa famille.

"Tout cela est surmonté. A partir de maintenant, nous avons une nouvelle relation (...) et plus de comptes à régler", a assuré Jair Bolsonaro depuis Brasilia.

Le président a aussi obenu le ralliement des gouverneurs des Etats du sud-est très peuplés du Minas Gerais, Romeu Zema, et de Rio Janeiro, Claudio Castro.

Avec celui de Rodrigo Garcia, l'actuel gouverneur de Sao Paulo (qui n'a pas été réélu dimanche), annoncé sur Twitter, ce sont les trois plus grands collèges électoraux du Brésil qui se rallient à Bolsonaro.

"Nous savons que beaucoup de choses nous séparent et d'autres non", a déclaré Zema, flanqué du président. "Mais le Brésil doit aller de l'avant et je crois bien davantage dans les propositions du président Bolsonaro".

- "Opération portes ouvertes" -

Pour l'analyste politique Thomas Traumann, "Bolsonaro fait de sa campagne de second tour une opération portes ouvertes".

"Au lieu de se demander s'il mérite un second mandat (...), il demande (aux électeurs) si le PT mérite de revenir au pouvoir" et "fait le procès des années PT", a-t-il écrit dans la revue Veja. Le Parti confondé par Lula a gouverné le Brésil de 2003 à 2016.

Enfin, la candidate arrivée 3e dimanche, la sénatrice Simone Tebet (4% des voix) était très courtisée mais ne s'est pas encore prononcée, même si elle semble pencher nettement pour Lula.

"Ma décision est déjà prise", a-t-elle annoncé dimanche au soir du premier tour, tout en précisant qu'elle devrait consulter son parti, le MDB, avant de faire toute annonce officielle. Cette formation centriste est marquée par de profondes divisions et comporte une puissante aile bolsonariste.

Ciro Gomes et Simone Tebet pèsent ensemble 8,5 précieux millions de voix.

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