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Qui étaient vraiment les hooligans d’extrême-droite qui ont sali l’image de la Belgique dimanche? "On s'est retrouvé au milieu des fachos avec nos têtes d’Arabes…"

Ils étaient 350 à être venus dimanche à Bruxelles. On les a appelés des "hooligans", ce qui les résumait à leur statut de supporters de foot. Les médias étrangers ont parfois plutôt parlé de perturbateurs "d’extrême-droite", mais c’était oublier que tous n’ont pas participé aux actions les plus critiquables.

Et il y en a eu ! Des saluts nazis, des chants nationalistes et des insultes racistes se sont combinés aux faits d’armes habituels des hooligans, à savoir jets de projectiles, craquages de fumigènes et vandalisme.


"L'Union des frères ennemis"

Oui, le mot "hooligan" était approprié. Il s’agissait des ressortissants des noyaux durs de plusieurs clubs de supporters du pays. Alors qu’ils se détestent et se bagarrent loin des caméras en temps normal, ils avaient dimanche trouvé un ennemi commun. Il s’agissait d’une "union des frères ennemis", comme l’a décrypté le spécialiste des mouvements radicaux Manuel Abramowicz, -auteur du site internet RésistanceS.be-, dans Libération ce mardi.

Pour lui, des liens existent depuis longtemps entre l’extrême-droite et les Ultras de certains clubs. Le slogan FCK ISIS "est présent depuis un certain temps dans les stades", fait-il remarquer. "On remarque que les hooligans, s’ils se disent apolitiques et antisystème, se greffent assez facilement aux manifestations organisées par l’extrême droite", analyse-t-il.


Noyauté par des militants d'extrême-droite

Pourtant, tous les 350 participants n’étaient pas forcément des racistes extrémistes. Selon lui, il est fort possible qu’une majorité de supporters, même chauds, aient été débordés par une centaine de militants d’extrême-droite. Il a repéré sur les images des néonazis notoires, comme le fondateur de la Belgium Defense League. Et les seuls soutiens officiels au dérapage sont venus des néonazis francophones de Nation et de la Autonome Nationalisten Vlaanderen.

Une impression de manipulation par des gens d’extrême-droite confirmée par un membre du Hell Side, un des groupes d’ultras du Standard, réputé pour être plutôt à gauche qu’à droite : "On avait fait une réunion dans un café de Bruxelles dans la semaine pour se mettre d’accord entre nous. La ligne c’était : aucune idée politique, aucune couleur de club, tous en noir pour le deuil. Mais là, ça a dérapé, les accords n’ont pas été respectés. On est dégoûtés. Dans le Hell Side, on a des musulmans, dont je fais partie, et là on voit des saluts de nazis et on se retrouve au milieu des fachos avec nos têtes d’Arabes...", a-t-il expliqué à Libération.


D'où venaient-ils?

Les Ultras du Standard semblaient donc peu à leur aise au milieu de racistes. De quels clubs venaient-ils ? Selon La Libre Belgique, ils provenaient, dans cet ordre d’importance, d’Anderlecht (le plus gros des troupes selon Libération), du FC Bruges, de La Gantoise, de l’Antwerp, du Beerschot, du Standard, de Charleroi, de Saint-Trond, de Genk, du FC Liège, du RWDM, de La Louvière et d’Eupen. La Libre précise également que "seule une minorité aurait adopté une attitude violente et raciste. Le groupe aurait revêtu une tenue sombre en signe de deuil et la majorité n’aurait eu aucune volonté islamophobe".

Pourtant, comme le souligne M. Abramowicz, il ne faut pas être un supporter de foot un peu trop chaud pour être raciste en Belgique. "Le sentiment islamophobe en Belgique va bien au-delà des mouvances d’extrême-droite. Certains sondages estiment à 50% de la population le nombre de Belges qui ont des sentiments anti-musulmans", rappelle-t-il.

"Certains hooligans évoquent aussi une surréaction dans leurs rangs car ils espéraient être traités en héros par la foule et ont vu que les gens sur place leur étaient hostiles", explique encore le spécialiste.

Ces supporters hooligans néonazis ne sont pas un fait uniquement belge. En Angleterre et en Allemagne aussi, on en rencontre depuis quelques années.

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