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"Aucune femme ne devrait avoir honte d'avoir avorté": Florence, 32 ans, se confie sur son IVG

Le vote sur la dépénalisation de l'avortement été reporté pour la 3ème fois ce mercredi. Cette loi prévoit aussi l'allongement du délai pour pratiquer une IVG. Il s'agit d'une avancée majeure pour les femmes. Chaque année, elles sont plus de 500 à se rendre aux Pays-Bas pour se faire avorter.

"Je n’ai pas honte [d’avoir avorté] et je trouve qu’aucune femme ne devrait en avoir honte", témoigne Florence Nicosanti, sage-femme de 32 ans.

Il y a quelques années, cette Bruxelloise a interrompu une grossesse. Elle était alors jeune diplômée et n’était pas encore stable financièrement. Malgré le regard réprobateur que la société porte encore sur les femmes ayant fait le choix d’un avortement, Florence témoigne auprès de notre rédaction avec courage et sincérité.

L’avortement n’est pas facile ni agréable à vivre

"A l’époque, je suis allée dans un centre de planning familial, décrit Florence, aujourd’hui devenue mère de famille. La prise en charge s’est très bien passée. C’est juste que c’est long. Quand on a pris cette décision, qui est une décision difficile, on n’a pas forcément envie que ça dure. Il y a toute une série de règles à respecter qui peuvent déranger. Moi, je pensais y aller et régler ça relativement rapidement. Mais d’abord, on doit voir une assistante sociale qui nous pose des questions et vérifie qu’on ne subit aucune pression et que le choix qu’on pose est bien le nôtre, que personne ne nous pousse à le prendre. Ensuite, on prend rendez-vous chez le gynécologue. Puis j’ai dû attendre, revenir, etc. Ça a mis bien 15 jours. L’avortement n’est pas facile ni agréable à vivre, [donc l’attente peut être éprouvante]".

Ce laps de temps qui varie selon les cas et que Florence a trouvé trop long est l’un des arguments qui ont poussé les militants à réviser la loi de 1990. Aujourd’hui si une femme fait le choix d’avorter, elle est contrainte d’y réfléchir encore pendant six jours. Les militants proposent de réduire ce délai à 48h.

"Quand la patiente arrive, je suis censée lui dire ‘Ok, vous pouvez avorter, mais vous allez y réfléchir pendant six jours’", décrit Isabelle Bomboir, médecin et administratrice du groupe d’action des centres extra hospitaliers pratiquant l’avortement (GACEHPA).

Chaque année, 500 femmes se rendent à l'étranger

Avant d'ajouter: "Mais les patientes vont me répondre 'J’y ai réfléchi, je sais que je veux avorter'. Il y a moyen dans le texte de loi actuel de faire valoir une urgence médicale qui peut être physique ou psychologique, on peut l’utiliser, mais tous les praticiens ne vont pas le faire. Donc, nous voudrions réduire le délai de six jours à 48 heures. Il n’y a évidemment aucune obligation d’avorter après 48h, on garde un délai de réflexion s’il est nécessaire : mais c’est à la patiente de choisir si elle a besoin de réfléchir. La majorité des femmes sont décidées quand elles arrivent".

Une autre préoccupation des militants est le cas des femmes belges obligées d’aller à l’étranger pour avoir accès à l’avortement. Chaque année, elles sont 500 à se rendre aux Pays-Bas parce que leur grossesse est jugée hors délai. Or, l’intervention coûte environ 1.000 euros et augmente en fonction du nombre de semaines de grossesse, sans compter le voyage. Dès lors, les militants veulent allonger le délai durant lequel l’avortement est possible en Belgique. Il passerait alors de 12 à 18 semaines de grossesse.

La dépénalisation complète de l'IVG

"On se dit souvent que si on allonge le délai, les femmes vont avorter plus tard dans la grossesse", explique Caroline Watillon, chargée de missions, référente IVG & Contraception pour la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial.

Avant de préciser: "En fait, quand on regarde ce qui se passe dans les autres pays ça ne se vérifie pas. C’est le cas en Angleterre, en Suède mais aussi au Canada où il n’y a pas de limite de temps pour avorter. On constate que les femmes n’attendent pas le dernier moment pour avorter. Au Québec, il y a une population de 8 millions de personnes, et il y a 90% des avortements qui ont lieu avant les 12 semaines. Les 10% suivants ont lieu au second trimestre et dans le troisième trimestre, il y a 10 à 20 cas par an qui sont des cas de misère sociale et économique extrêmes ou des malformations fœtales graves et là ce sont des interruptions médiales de grossesse".

Enfin, parmi les grands changements exigés par les militants, figure aussi la dépénalisation complète de l’interruption volontaire de grossesse : pour les patientes et ceux et celles qui la pratiquent, sous réserve d'une qualification de coups et blessures si les conditions ne sont pas respectées.

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