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Garde des enfants lors d'un divorce: une juge à Dinant applique une méthode inédite en Belgique

Une juge de la famille et de la jeunesse met en place depuis dix ans une procédure inédite à Dinant dans le cadre de séparations des parents et de la garde des enfants: le "consensus parental". L'idée est de permettre aux deux parties de s'arranger entre elles avant de se retrouver au tribunal. Une formule qui pourrait être étendue au reste au pays, mais qui a aussi, parfois, ses limites.

Nous avons assisté à une audience à Dinant. Séparés depuis juillet dernier, des parents doivent se répartir la garde de leurs enfants, âgés de trois et quatre ans. Dans un climat tendu, la juge tente de raisonner le papa. "Vous voyez que madame n'a qu'un jour le week-end et ça ne vous va pas. Donc vous voulez des enfants à vous tout seul? Vous les avez fait à deux ces enfants-là", interpelle la juge de la famille et de la jeunesse à Dinant.

On leur rend leur responsabilité de parents

Voilà près de dix ans que Marie-France Carlier applique le "consensus parental" dans son tribunal. Importé d’Allemagne, le modèle favorise la recherche, par les parents, d’une solution à l’amiable. "On leur rend leur responsabilité de parents. Moi je suis là pour parer à une situation d'urgence, mais dès qu'ils vont aller en médiation, c'est eux qui vont reprendre les rênes. C'est eux qui vont pouvoir prendre la bonne décision pour leurs enfants", nous explique Marie-France Carlier.

C'est très bien, mais quand c'est adapté à la situation

Ce jeudi matin, au Tribunal de la Famille, la plupart des dossiers débouche sur un accord mutuel. Un travail de médiation en amont a permis d’éviter de longues procédures. Mais dans l'affaire à laquelle nous avons assisté, le chemin est encore long. "Les quelques paroles que madame a données, elle a entre autres menti. Donc je ne comprends pas comment on peut aller en médiation en partant de mensonges", s'exprime à notre micro le père, sous couvert de l'anonymat.

"La médiation, c'est bien. Les voies alternatives de résolution des conflits, c'est très bien, mais quand c'est adapté à la situation. Quand ça ne l'est pas et qu'on le force, quelque part les parties ressortent plus frustrées qu'autre chose", nous confie Daria Ryjoukhina, l'avocate du père.

"C'est une méthode qui permet au client de sortir certaines émotions ou certaines rancœurs, que jusqu'ici il ne permettait pas de partager", indique pour sa part l'avocat de la mère, Jean-Louis Davis.

Vers une application partout en Belgique?

Dinant est le seul tribunal où le "consensus parental" est appliqué. En visite ce matin, le ministre de la Justice s’est dit séduit par le modèle. Il envisage de l’étendre à tout le pays, sans pour autant la rendre obligatoire.

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