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Le paradis du sexe à deux heures de Bruxelles? Le magazine Reporters enquête sur les "SAUNA CLUBS"

Les équipes du magazine Reporters ont enquêté dans le milieu des travailleurs du sexe pour comprendre pourquoi les centres de prostitution organisés n’ont pas vraiment la cote en Belgique. Il en existe pourtant bien un à Anvers.

Lingeries fines et talons hauts, elles se déhanchent en vitrine. Elles ont comme public des curieux, des clients fidèles, des voyeurs au volant de leur voiture qui ralentissent pour les regarder. Ces quartiers encombrés de Bruxelles où les rues sont sombres, malfamées et pas très sécurisantes. Dès la tombée de la nuit, on aperçoit le défilé des filles venues d’ailleurs pour travailler. Voilà le triste spectacle que nous offre le milieu de la prostitution. 


Pourtant, il est très facile de contourner ces lieux et d’ignorer ce monde mais pour combien de temps encore ? Certains voudraient ne plus jamais entendre parler du plus vieux métier du monde et nettoyer ces quartiers une bonne fois pour toute. Pour d’autres, il suffit juste de mieux contrôler ces établissements.

Le magazine Reporters fait le point sur la situation des travailleurs du sexe en Belgique. Les filles sont-elles réellement en danger dans les rues? Existerait-il une alternative? Comment le milieu de la prostitution s’organise-t-il dans les pays voisins?


 
Le paradis du sexe à deux heures de Bruxelles

En Allemagne, la prostitution s’exerce dans un contexte différent. Les filles offrent leurs services dans des sauna clubs. A première vue, il s'agit d'un endroit où les clients peuvent se relaxer et prendre du bon temps en buvant un verre tranquillement. Particularité des lieux ? Des filles déambulent, souvent dénudées, dans les couloirs et sont prêtes à monnayer des rapports sexuels. Leurs tarifs sont fixes et ne suscitent pas de discussion, ces femmes sont indépendantes, elles ne reversent rien de leurs prestations aux gérants.

Le droit d’entrée est imposé à tous: 60 euros pour l’accès aux saunas, jacuzzis, buffet et boissons à volonté. Pour ces travailleuses du sexe, ce contexte est idéal et beaucoup plus digne que le racolage en rue. Ce cadre de travail, plus festif, apporte le confort et la sécurité qu’elles ne trouvent pas à l’extérieur.


Un sauna club en Belgique c’est possible ? 

D’un point de vue légal, si la fille paie son droit d’entrée et qu’elle vient quand elle le souhaite, sans obligation de prester des horaires définis, elle est alors aux yeux de la loi "indépendante", elle doit payer la TVA. Dans ce cas de figure, le gérant des lieux ne peut pas être considéré comme proxénète mais peut être pénalement poursuivi pour tenir un lieu de proxénétisme. 

Pourtant, des tentatives pour établir un système similaire en Belgique ont vu le jour, la Villa Tinto est le meilleur exemple. Ce lieu anversois de la prostitution réglementée, regroupe une cinquantaine de carrés et est aménagé à proximité d’un centre de santé et d’un commissariat. Cela apporte une certaine sécurité et plus de confort aux prostitués qui y travaillent. C’est une avancée considérable, mais le chemin est encore long pour atteindre le modèle allemand.


Mais qu’en pensent réellement ces professionnels du sexe ? Quelles sont les améliorations qu’ils voudraient apporter à leurs conditions de travail ? L’équipe de Reporters a recueilli de nombreux témoignages, notamment celui d’Haritz, travailleur du sexe et qui souhaite faire bouger les choses.

Haritz souhaite un peu de reconnaissance et obtenir un véritable statut. "C’est plus facile pour un homme de parler ouvertement. J’ai décidé de prendre les devants car quelqu’un doit commencer à le faire", confie ce jeune homme devant les caméras.


La législation belge

En Belgique, c’est le proxénétisme qui est interdit ainsi que le proxénétisme hôtelier. Il est interdit d’embaucher une prostituée et de l’exploiter. Plus encore, il est interdit de de vendre ou de louer des locaux à une prostituée en vue de retirer un bénéfice important.

Tenir une maison de débauche est, à priori, également interdit. Pourtant, nul n’ignore l’existence par dizaine d’endroits de ce genre. En réalité, il y a une tolérance du parquet à leurs égards. L’importance pour la justice est la protection des travailleuses. Les filles doivent être déclarées soit comme salariées à l’ONSS ou comme indépendantes à l’INASTI. Il y a une réelle obligation sociale de déclaration.



Michael Miraglia a mené l’enquête en Belgique et au-delà de nos frontières. Un reportage à retrouver sur le site de Reporters.

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