Accueil Actu

Notre enquête sur le BIO (4/5): combien coûte un label pour un producteur qui veut se lancer dans le bio

C'est la Semaine bio. Des événements sont organisés dans tout le pays pour faire découvrir un secteur en plein boom. Il y a en effet de plus en plus de consommateurs et de producteurs. Mais le bio suscite de nombreuses questions. La rédaction de RTLinfo.be y répond et vous éclaire à travers cinq reportages. Ce jeudi, nous vous intéressons au coût d'un label pour un producteur qui veut se lancer dans le bio. Un coût qui ne semble pas constituer un frein au vu de l'explosion du nombre de producteurs bio pendant ces dernières années. Une enquête de Lucas Babillotte.

Les scandales alimentaires à répétition, les révélations choquantes sur la production de certains aliments ou la fabrication de certains plats préparés, les résultats de plus en plus inquiétant de l'impact de certains produits de l'agriculture intensive (pesticides, etc.) sur notre santé, les conditions de l'élevage industriel de certains animaux, la menace globale qui pèse sur notre planète, etc. Les raisons qui poussent à acheter des produits bio ne manquent pas. En Belgique, les consommateurs (et, par ricochet, les producteurs) de ces produits plus sains sont chaque jour plus nombreux (voir chiffres plus bas). Vous êtes toutefois encore une très large majorité à ne jamais acheter bio ou seulement à de rares occasions. Les raisons ? Le prix, bien entendu. Mais aussi des interrogations. Parfois même de la méfiance. Derrière tous ces logos et étiquettes verts, qu'est-ce qu'il y a vraiment ? Est-ce que ce n'est pas une arnaque pour nous faire payer plus cher ? Pourquoi ça coûte plus cher ? Notre journaliste Lucas Babillotte a enquêté.

> Notre enquête sur le BIO (5/5): comment expliquer qu'en supermarché une pomme bio soit aussi belle qu'une pomme non bio? 

> Notre enquête sur le BIO (3/5): voici les contrôles qui sont faits pour garantir que c'est bio

> Notre enquête sur le BIO (2/5): qu'est-ce qui est vraiment bio dans le bio?

> Notre enquête sur le BIO (1/5): que veulent dire toutes ces étiquettes? 


Quel coût pour les "opérateurs" bios ?

La certification européenne d’un produite bio est gratuite, ce sont les frais de contrôles qui sont payants. Ces frais sont les mêmes pour un opérateur qui demande un label national officiel que pour celui qui se "limite" au label européen et sont harmonisés entre les différents organismes certificateurs mais sont dépendants du type d’activité contrôlé. Un producteur de lait de vaches devra par exemple s’acquitter au minimum d’une redevance annuelle de 4,26 € HT par vache laitière mais également de 8,61 € HT par hectare de prairie, etc. Les frais de contrôles s'élèvent à plusieurs centaines d'euros par an et par producteur en moyenne.

L'opérateur qui demande un label national privé devra payer, en plus, une redevance pour avoir le droit de l'utiliser. C'est ainsi que la redevance annuelle de Biogarantie s'élève à 65 euros. A noter que de nombreux produits porteurs du label européen ne sont porteurs d'aucun autre label.



Pourquoi les producteurs optent-ils pour un label plutôt qu'un autre ?

Le label Biogarantie est aujourd'hui le label plus populaire en Flandre (51 %) mais aussi en Belgique (42 %) selon une récente étude de l'institut GfK pour BioForum Vlaanderen sur la perception des labels bio par les consommateurs belges. A l'échelle nationale, il devance le label français AB (29 %) et même le logo européen "Eurofeuille" (15 %). Mais la tendance s'inverse en Wallonie et à Bruxelles, régions dans lesquelles le label AB est loin devant (58 % en Flandre, 53 % à Bruxelles) et où le label Biogarantie n'est pas plus populaire que le logo bio européen (14 % en Wallonie, 18 % à Bruxelles).

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le logo européen, pourtant obligatoire sur tout produit bio, n'est donc pas très populaire auprès des consommateurs. Il souffre visiblement encore de sa jeunesse, puisque cela ne fait que deux ans qu'il est obligatoire. Cet élément explique notamment le choix de certains producteurs de s'orienter vers les labels nationaux. C'est le cas de Claude, maraîcher, dont la production est labellisée Biogarantie: "Pourquoi je suis chez Biogarantie ? Parce que je travaille avec les grandes surfaces et Delhaize me l'a demandé. C'est uniquement pour des raisons de communication étant donné que les exigences en bio entre les deux labels sont quasiment les mêmes."




Comment se porte le secteur du bio en Belgique ?


Tout le secteur du bio jouit d’une forte croissance depuis 10 ans en Belgique, aussi bien en termes de producteurs que de consommateurs. Notre pays comptait 1.630 producteurs bios au 31 décembre 2014, soit une augmentation de 7,7 % par rapport à 2013. 79 % de ces producteurs sont présents en Wallonie (1.287), 21 % en Flandre. Les fermes biologiques représentent aujourd’hui 4,5 % du total des fermes en Belgique.

Evolution du nombre de producteurs en Belgique (source BioWallonie)

La consommation de produits bios se porte également bien en Belgique puisqu’elle ne cesse d’augmenter d’année en année. Près de 9 Belges sur 10 ont consommé bio l’année dernière et 7 % de ces familles consomment bio de manière hebdomadaire, ils représentent à eux seuls plus de la moitié des dépenses en produits frais bios. Fait marquant : les dépenses à l’échelle nationale ont augmenté de 3,8 % entre 2013 et 2014 pour atteindre le montant de 435 millions d’euros alors que pour la première fois depuis des années, les dépenses pour des produits alimentaires courants sont, parallèlement, en recul de 0,8 % en Belgique.

Les dépenses des ménages belges pour les produits frais et les boissons bio en milliers d'euros (BioWallonie)

Les légumes, les fruits et les produits laitiers sont les produits les plus achetés par les consommateurs. Chaque Belge a dépensé 27,89 € en produits bio en moyenne l’année dernière. Les familles aisées avec enfants et les pensionnés disposants de revenus élevés sont les deux groupes d’acheteurs bio les plus importants. Les supermarchés classiques restent le plus gros canal de distribution des produits alimentaires bio (45,3 %) devant les magasins spécialisés (30,7 %), les épiceries de quartier (11 %), la vente en directe à la ferme et au marché et les hard discounters.

Dépenses alimentaires bio par catégorie de produit, en euro par habitant sur une année, Belgique, 2004 (BioWallonie)

À la une

Sélectionné pour vous